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Beau à la louche
20 juin 2018

Refugee Food Festival

Le Refugee Food Festival c’est fini à Strasbourg mais ça continue ailleurs….

A une époque où tout le monde semble vouer un culte à la nourriture et où la situation des réfugiés est de plus en plus critique à travers le monde, le Refugee Food Festival propose de confier les cuisines de restaurants à des chefs réfugiés, le temps d’un festival culinaire et engagé. L’idée est double : sensibiliser le public à la situation des réfugiés mais aussi agir comme un tremplin professionnel pour les cuisiniers refugiés. Cet évènement est organisé par l’association food sweet food avec le soutien de l’agence des nations unies pour les réfugiés et je trouve l’initiative vraiment chouette. Une initiative enrichissante pour tous les maillons de la chaine : les chefs refugiés se voient confier les rênes d’un restaurant, peuvent renouer avec le plaisir de mitonner des plats typiques de leur pays et de les faire découvrir à des clients qui eux se régalent de saveurs nouvelles et parfois méconnues. Quand aux chefs hôtes, ca doit être une expérience vraiment enrichissante de travailler en binôme dans le cadre du festival : élaborer ensemble un menu, confronter des traditions et des perspectives différentes, découvrir d’autres saveurs et savoirs…

refugee-food-festivalAvec cette nouvelle édition estivale le festival prend une ampleur internationale : Amsterdam, Athènes, Bologne, Bordeaux, Bruxelles, Cape Town, Lille, Lyon, Madrid, Marseille, New York, Paris, San Francisco et Strasbourg accueillent tour à tour ce festival gourmand et solidaire. Au menu, la découverte de la cuisine du Niger, du Tchad, de l’Iran, du Venezuela, d’Ethiopie, du Soudan, de Tchétchénie, de Géorgie, d’Irak ou de Syrie (liste non exhaustive).

Nous avions déjà eut une expérience avec le Refugee Food Festival lors de leur édition de 2016 à Strasbourg, malheureusement elle ne fut pas vraiment concluante et donc même si j’adhérais complètement à cette initiative j’avais choisi, après beaucoup d’hésitations, de ne pas vous en parler. Pourquoi l’expérience fut-elle décevante ? Et bien a posteriori je pense que c’était dû au restaurant hôte qui 1/ était un restaurant pas terrible 2/ opportuniste : je me suis demandé si ce restaurant fraichement installé n’avait choisi de participer à ce festival pour les mauvaises raisons : plus pour se faire un coup de pub que par solidarité et envie de partager une expérience. Mais le Refugee Food Festival a aussi contribué à lancer à Dorjee Ringchen le chef tibétain dont l’échoppe à Momo ne désemplie pas et nous a déjà régalé plus d’une fois.

L’initiative méritant tant d’être suivie et soutenue qu’à l’annonce de cette nouvelle édition 2018, j’ai oublié la mauvaise première impression et pris mon téléphone pour nous réserver une table au bistrot d’Antoine. Non seulement c’est un restaurant que j’aime bien (je m’étais promis de vous en parler bientôt) mais en plus il accueillait un chef afghan et vous connaissez sans doute avec le temps mon penchant pour cette cuisine. Et bien, trêve de suspense : je n’ai pas regretté une seule seconde, nous avons passé une superbe soirée et nous nous sommes régalé de bout en bout, Antoine et Ahmadzai nous avaient concocté un magnifique menu dégustation à 4 mains, une cuisine fusion où leurs inspirations respectives étaient respectées et mises en valeur. Le dîner a débuté en beauté avec un velouté froid de petits pois, huile de pistache, noix de cajou. Une assiette aussi délicieuse qu’élégamment dressée. La deuxième entrée fut un samossa pomme de terre et petits pois, servi avec une sauce au yaourt et une compotée d’aubergines. La farce du samossa était réconfortante sans être lourde, les aubergines parfaitement relevées et la sauce au yaourt équilibrait le tout. Le plat fût de l’agneau confit pendant de longues heures et imbibé d’épices, servi avec du riz et deux sortes de lentilles : mon seul problème à ce stade étant que je n’avais déjà plus faim, les portions étaient très généreuses (fidèles à la cuisine du Bistrot d’Antoine) mais l’agneau était un véritable délice : fondant et parfumé à souhait. Au milieu de la table, une corbeille remplie de naans dodus et terriblement moelleux qu’il aurait été dommage de rater même par manque d’appétit. Pour clore ce diner en beauté en guise de dessert un thé à la cardamome gourmand, accompagné de pâte de fruit à la griotte, de madeleine à la fleur d’oranger, de nougat et d’une pâtisserie feuilletée garnie de cream cheese… Le tout pour 35 euros ce que j’ai trouvé plus qu’honnête au vu de la qualité du diner proposé et des portions gargantuesques. Je suis sortie repue enchantée et touchée. Antoine avait vraiment mis sa cuisine au service d’Ahmadzai, ils avaient travaillé ensemble sur le menu, le résultat était magique. Certes j’avais vraiment bien mangé mais si cette belle initiative pouvait permettre à Ahmadzai de (re)devenir chef ou même pourquoi ne pas rêver, d’ouvrir son restaurant ça serait vraiment la cerise sur le gâteau. Et je serais la première de ses clientes.

Alors oui ce billet est étrange car il parle d’un évènement passé mais en cette journée mondiale des réfugiés je pense qu’il a sa place ici car non seulement le Refugee Food Festival reviendra à Strasbourg mais en plus il va battre son plein dans beaucoup d’autres villes dans les prochains jours !

A noter – surtout pour les parisiens – qu’au delà du festival, l’association développe d’autres activités pour aider à l’insertions professionnelle des cuisiniers réfugiés : un service de traiteurs et d’ateliers culinaires et surtout La Résidence qui est à la fois un restaurant et un lieu de formation pour le chefs réfugiés : ils y officient pendant plusieurs mois, accompagnés ils prennent les rênes du restaurant et se teste à grande échelle. La Résidence est donc une sorte de restaurant à « chef tournant », un lieu encore une fois pensé comme un tremplin professionnel pour les chefs réfugiés. Elle est située à ground control, à deux pas de gare de Lyon.

 

http://www.refugeefoodfestival.com

 

Commentaires
D
Je ne connaissais pas cette manifestation. J'ai découvert qu'elle se déroulait aussi en Suisse, à Genève, en octobre. J'essaierai d'y aller. Merci pour l'info.
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