Books for cooks - Summer 2010
Les vacances arrivent... ceux qui ne partiront qu'au mois de septembre considèrent que c'est encore bien loin, mais je sais de source sûre que pour certains, le départ approche - et d'autres sont déjà entrain de bronzer au bord de la piscine! - du coup je me suis dis que je vous préparerais bien une petite liste d'une quinzaine de bouquins que vous pourriez glisser dans votre valise pour avoir un peu de lecture à la plage, dans le train ou dans le transat... Le choix est vaste, normalement, il y en a pour tous les goûts... Et puis au cas où vraiment vous trouviez cette sélection complètement naze, vous pouvez toujours vous réfugier dans ma bibliothèque idéale qui regroupe mes livres de cuisine préférés...
Pain : transformations et recettes de Julien Madérou
Un livre original et un concept ludique qui m’a donc fort logiquement intéressée (quand on peut s’amuser un peu avec la nourriture et la détourner, généralement je réponds présente). Ce n’est pas – du tout – un livre de recettes autour du pain, c’est plutôt un manuel du petit bricoleur sur comment jouer avec le pain, comment le transformer, le métamorphoser, lui donner une autre vie. Julien Madérou, designer culinaire, appelle ça « la menuiserie du pain », il nous propose dans son livre 15 « transformations », 15 découpes de pain pour transformer par exemple une belle tranche de pain de mie en un coquetier éphémère et mangeable (la photo de couverture du livre). À chaque fois, chaque découpe est soigneusement expliquée avec moult détails et photos à l’appui. Et chaque idée de découpe est accompagnée de 2-3 recettes pour l’accommoder ou l’accompagner. Moi les deux idées que je préfère c’est d’abord le « sandwich imperméable » : fabriquer une boîte en pain que l’on garnit de ce que l’on veut (mais j’aime bien l’idée de Julien d’un mélange poulet – pomme granny – carotte – mangue – coco et co.) et aussi le « Petit pain transpercé » : un petit pain tranché jusqu’à mi profondeur, dont on découpe une tranche sur deux pour les remplacer par une garniture (alternance de tranches de tomates et de mozza par exemple). Ses mouillettes découvertes sont très sympa aussi et comme rien ne se perd, il y a aussi des idées pour utiliser sa chapelure maison !
Pour qui ? Les manuels qui aiment s’amuser et jouer avec la nourriture !
Des photos ici et le blog de Julien Madérou, Dessine moi un objet.
Carnet de correspondances - Mes accords de goûts de Julie AndrieuCe n’est pas un livre de cuisine comme on en a l’habitude, c’est plutôt un guide, une béquille dans les moments de doute ou en cas d’absence totale d’imagination. Julie Andrieu liste environ 150 produits de consommation courante (fruits, légumes, poissons, viandes, condiments…) et suggère pour chacun d’eux des « accords de goûts », des mariages parfaits avec des épices, des herbes, des condiments, des fruits frais ou secs, des fromages ou des produits laitiers, des viandes etc…
C’est le seul bouquin de Julie Andrieu que j'ai dans ma bibliothèque (ses autres livres n’ayant absolument pas retenu mon attention) et je l’utilise régulièrement. Je l’ouvre à la page de l’ingrédient que j’ai dans mon frigo et que je ne sais pas vraiment comment accommoder ou quand j’ai une idée de recette en tête mais que je trouve qu’il manque le petit truc en plus qui apportera un peu de pep’s au plat. Le livre liste à la fois les associations basiques/classiques (fruit de la passion & coquille St Jacques – fraise & rhubarbe – courges & lardons – boudin & pomme – chocolat au lait & noisette) et des choses plus incongrues (chocolat noir & pastèque – châtaigne & grenade – banane & parmesan – figue & anchois – haricots verts & pèche) et c’est très bien : il y en a pour tous les jours : ceux où l’on recherche le réconfort des mariages déjà testés et approuvés et ceux où l’on souhaite s’aventurer dans des sentiers plus excentriques. Le livre est aussi parsemé de recettes de chefs qui illustrent certaines associations ou en suggèrent d’autres mais c’est anecdotique et je pense qu’il faut vraiment considérer ce livre comme un répertoire non-exhaustif d’accords de goûts et non pas comme un livre de recettes. C’est vraiment un très chouette livre, le concept m’a tout de suite séduite, c’est un livre un peu comme une botte secrète à conseiller à toutes vos copines, que se soit pour la cuisine de tous les jours ou pour les dîner festifs ! En plus vous pouvez faire comme moi : l’enrichir de vos accords parfaits !
Seul reproche: les associations ne fonctionnent que deux par deux alors que j'aurai aussi aimé y retrouver des associations plus complexes autour de 3-4 ingrédients ou parfums et on note aussi une erreur de mise en page grossière: le texte de présentation de l'avocat se retrouve copié collé à deux reprises dans le livre: pour l'avocat et pour... la truffe blanche! Mais heureusement, c'est bien les associations avec la truffe blanche que l'on retrouve ensuite...
Pour qui ? Ceux qui savent cuisiner mais qui veulent découvrir de nouvelles pistes à explorer.
Le gâteau au chocolat de Victoire Paluel-Marmont
Ce qu’il y a de fascinant avec la pâtisserie - et qu’on ne retrouve pas en « cuisine » - c’est qu’en utilisant à chaque fois de la farine, du sucre, des œufs et du beurre mais selon des proportions, des préparations, des mélanges et des cuissons différents, on peut préparer mille et un gâteaux complètement opposés… Avouez que ça a un côté un peu magique ! Pour les gâteaux au chocolat, c’est pareil avec en plus du chocolat dans la liste des ingrédients… Personne n’aime le même gâteau au chocolat que son voisin et on n’a pas toujours envie du même type de gâteau au chocolat : je trouve qu’il n’y a rien de plus rageant que d’avoir envie d’un fondant et de se retrouver avec un gâteau mousseux (et vice versa même si moi je préfère toujours les fondants aux mousseux ^^).
En fait, tout ça n’est pas magique, c’est juste chimique et Victoire Paluel-Marmont, biochimiste, a écrit le livre inespéré, celui dont rêvaient sans le savoir tous les accros du gâteau au chocolat ! Dans ce livre, elle détaille chaque ingrédient de base (rôles respectifs du jaune et du blanc d’œuf, du beurre, de la farine – et sa substitution par de la Maïzena ou de la poudre d’amandes - du sucre, de la levure chimique…), dissèque les étapes de préparation (Tout savoir sur les œufs montés en neige, pourquoi fouetter les œufs avec le sucre avant d’ajouter le beurre ? etc.). Elle partage aussi les secrets de la cuisson et des fours, diserte sur l’influence de la forme et du matériau du moule utilisé… Bref, rien ne lui échappe et rien n’est laissé au hasard. Après toutes ces explications simples et didactiques, le livre propose des recettes inratables de chaque « basique » (moelleux, mousseux, nuage, fondant, coulant, brownies, cake, génoise) ainsi que des variantes et des recettes alternatives (moelleux sans beurre, moelleux au micro onde…). Le livre s’achève en beauté sur un superbe tableau récapitulatif et comparatif des quantités de chaque ingrédient pour chaque texture. Je trouve ça extra. L’idée est géniale.
J’ai vraiment craqué pour ce livre, certes mon net penchant pour le chocolat et des études scientifiques ne doivent pas y être pour rien, mais je pense qu’il est destiné à tout fan de gâteau au chocolat, scientifique ou pas, d’ailleurs je l’ai déjà offert à deux copines pour leurs anniversaires et c’est typiquement le genre de bouquin que je vais encore offrir! Je pourrais vous dire que c’est un livre de cuisine moléculaire à destination de toutes les ménagères mais je crains que le terme de « cuisine moléculaire » en fasse fuir quelques uns parmi vous, ils auraient tord. Ici il n’est pas question d’additifs, de seringues ou autres fioles mais de comprendre : comprendre le pourquoi du comment pour réussir à réaliser le gâteau au chocolat qui sera exactement comme celui dont on a envie ! Cerise sur le gâteau, le livre est d’un petit format super maniable et il est illustré de photos très sobres totalement adaptées aux propos du bouquin je trouve.
Bref, si vous vous êtes déjà demandé quel était le moment adéquat pour démouler un gâteau, pourquoi certains gâteaux ont une croûte et d’autres pas, s’il valait mieux beurrer, fariner ou sucrer le moule avant d’y verser la préparation, pourquoi dans certains gâteaux on monte les blancs en neige et dans d’autres non, l'influence des quantités de farine dans un gâteau ou qu’est ce que ça va changer si vous diminuez les quantités de beurre… ce livre est pour vous !
Pour qui ? Les fanas de gâteaux au chocolat qui aiment comprendre le pourquoi du comment !
Racines : Du raifort au navet du Pardailhan de Laurence Salomon
Je ne suis pas une
fan-folle de Laurence Salomon : j’aime bien ce qu’elle fait mais je
garde un peu mes distances ; disons qu’elle ne m’avait pas complètement
conquise avec son livre «Fondre de plaisir ». Son dernier opus sur les
légumes racines m’a beaucoup plus séduite. Je l’attendais assez
impatiemment car je n’ai pas vraiment été élevée avec des légumes
racines dans mon assiette (exception faite de la carotte, forcément).
Betteraves, céleris, navets et autres salsifis ne passaient pas souvent
(jamais ?) entre les mains de ma mère et du coup je me retrouve un peu
idiote face à eux quand je veux les cuisiner. Et encore, je ne vous
parle pas des rutabagas, scorsonères ou cerfeuils tubéreux - de toutes
façons même si ma mère avait voulu nous en mettre dans nos assiettes à
l’époque elle aurait eu le plus grand mal à en dénicher. Au fil du
temps, j’ai appris toute seule à me dépatouiller avec certaines racines
(panais et topinambours notamment) mais je ne demande qu’à découvrir les
autres, histoire de survivre en hiver quand les étals de légumes se
suivent et se ressemblent. Laurence Salomon propose donc des façons de
cuisiner 45 variétés de légumes racines. Bon, il faut quand même noter
que certains des légumes du bouquin sont tout bonnement introuvables
pour une personne lambda (cad qui ne fait pas ses courses chez Joël
Thiébault, ce qui avouons le n’est pas donné à tout le monde). Au rang
des « critiques », je n’aime pas trop la typo (recettes surlignées en
couleur) mais ça c’est une question de goût et je ne suis pas super
enthousiasmée par les bouquins qui suggèrent un équipement "high tech"
(ici des trucs super exotiques du genre déshydrateur, centrifugeuse
ou rouet à légumes) mais on peut quand même fort heureusement se débrouiller sans. Ce
sont des petits détails car globalement le livre m’a vraiment plu et il
y a une belle liste de recettes appétissantes, originales et
inventives… Par exemple « Betteraves en croûte de sel au poivre de
Sichuan rose et caramel d’agrumes » ou pour rester dans le même genre «
Carottes en croûte de sel à l’huile d’argan et jus de grenade » ou
encore les très chics « Ravioles au curcuma et radis noir, velouté de
carotte aux lentilles corail » ou « Brioche safranée au pollen et
cerfeuil tubéreux, tomme de brebis et confiture de cerfeuil au miel ».
Pour qui ? Ceux qui
ont envie de découvrir d’autres légumes, d’autres façons de les
cuisiner et qu’on n’ont pas peur des ingrédients un peu étranges et
exotiques.
Du bon usage des ustensiles de Martine Camillieri et Sonia Ezgulian
Pourquoi la râpe ne servirait que pour les carottes râpées ? Pourquoi la douille à pâtisserie serait-elle toujours utilisée avec la poche à douille ? Pourquoi ne mettre que de l’ail dans un presse ail et cantonner le vide pommes aux trognons ? Oubliez tout, oubliez les usages vernaculaires en vigueur et sortez les ustensiles que vous avez oubliés au fond de votre tiroir : Martine Camillieri et Sonia Ezgulian vont vous aider à les dépoussiérer avec leurs recettes amusantes, malines et appétissantes ! La moulinette à gruyère deviendra indispensable (même si elle n’a jamais cessé d’être un must have chez moi : j’ai été élevée avec !) pour mitonner des nuages de pomme de terre, vous sortirez votre gaufrier pour fabriquer des gaufres trompe l’œil en pain de mie et grâce aux emportes pièces alphabet, le bouillon alphabet prendra de nouvelles tournures. Vous rendrez aussi compte que l’achat d’une boule à épices est résolument indispensable et découvrirez l’existence du presse steak haché ! Vous connaissez mon penchant pour la cuisine qui s’amuse sans se prendre au sérieux, ce livre – et quelques autres de cette liste – en est la parfaite illustration !
Pour qui ? Celles qui aiment jouer avec les kitchen toys de leurs grand-mères et cette approche très ludique de la cuisine devrait ravir les bambins !
Tout Pistache de Simona Restivo
Un livre peut être plus classique que les précédents, moins conceptuel mais tout aussi gourmand qui rassemble près d’une centaine de recettes à base de pistache, salées comme sucrées. J’aime beaucoup les livres thématiques autour d’un ingrédient, à la manière des dix façons de préparer de l’épure ; celui ci traite donc de la pistache et il est plein de bonnes idées. Personnellement, j’ai un net penchant pour les suggestions salées : « Crêpes en tagliatelle, asperges vertes et pistaches », « Calamars farcis aux pistaches », « Lasagnes très pistache » ou « Gnocchis di polenta aux pistaches ». Ce qui est appréciable c’est qu’on peut y trouver des idées pour le quotidien comme pour les jours où on veut en faire un peu plus et les recettes utilisent les pistaches sous toutes leurs formes (huile, poudre, pâte, pistaches mondées…). Grande influence italienne dans les recettes, normal, Simona Restivo est ambassadrice de la pistache de Bronte. Dommage que face à des recettes sympas les photos soient d'une grande banalité.
Pour qui ? Les fans de pistaches forcément !
Gingembre, sugar and spice de Alice Hart
Comme « Tout pistache » ce livre se décline autour d’un ingrédient : le gingembre, qu’il soit frais, confit, cristallisé, en poudre ou en sirop. Une succession de 80 recettes illustrées par de très belles photos pour au final un très beau résultat et des recettes plus tentantes les unes que les autres : « Pêches pochées au gingembre et madeleines épicées », « Tarte à la rhubarbe et au mascarpone » « Sucettes glacées citronnelle – gingembre », « Glace à la noix de coco, au citron vert et au gingembre ». Aucun domaine de la pâtisserie ne passe à la trappe : cakes, gâteaux, tartes, biscuits, brownies, crèmes, glaces, confitures, friandes, chocolats, boisson… Plein de bonnes idées épicées !
A noter que toutes les recettes sont sucrées (d’où le titre du livre), ce qui est un peu dommage vu les merveilles que peu faire le gingembre dans les plats salés mais qu’importe, il y a aussi tant à faire avec le sucré…
Pour qui ? Les ginger addict forcément !
Sensing de Guy Martin
D'habitude je ne suis pas une grande adepte des livres de chefs ; sans doute car souvent soit ils simplifient trop leurs recettes pour qu’elles soient adaptées à la ménagère de moins de 50 ans et du coup le résultat n'est pas aussi exceptionnel qu'il devrait l'être, soit ils ne simplifient rien du tout et avec une cuisine miniature et du matériel de base, je peux m'inspirer de leurs idées mais rarement les reproduire fidèlement chez moi ce qui est frustrant. Pourtant quand j'ai vu sur les étals de la librairie, le grand et imposant "Sensing" de Guy Martin (Le grand véfour), ma curiosité a été piquée et je l'ai ouvert et lentement feuilleté: j'étais sous le charme. Bien sûr, d'abord visuellement: le livre est beau, c’est presque plus un « beau livre » qu’un livre de cuisine de par son grand format, son prix (65 euros !), ses photos, sa tranche dorée… mais contrairement aux « beaux livres », il ne restera pas sur la table basse de votre salon à prendre la poussière: vous l'emmènerez forcément en cuisine tôt ou tard. J’avoue que je n’ai pas craqué pour ce bouquin tout de suite, mais quand quelques semaines plus tard je l’ai trouvé à -50%, je n’ai pas hésité et je ne le regrette pas !
Les photos de Michel Langot sont magnifiques et en décalage par rapport à ce que l'on a l'habitude de voir dans les livres de cuisine: pas de photos lisses de jolis petits plats sur des jolies petites nappes avec de la jolie petite vaisselle et pas non plus d'abondance de portraits du chef sous tous les angles, non ici on dirait des photos de mode: c'est sophistiqué, travaillé mais aussi très sensuel. Un traitement vraiment très intéressant de la photo culinaire. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le livre n’est pas radin en photos (parfois jusqu’à 5 photos en pleine page pour la même recette !). Mais quand même, ce qui m'a le plus convaincu c'est les recettes: si le livre contient quelques recettes très haut de gamme, terriblement séduisantes mais difficiles (impossibles ?) à réaliser à la maison (typiquement le terrible « Cube chocolat aux framboises et crémeux pequillo »), c’est une très nette minorité. Ce livre contient une foule de recettes qui ne nécessitent pas forcément une technique et du matériel de pro (« Coquilles St Jacques en carpaccio, mangue et fenouil » ou « Tagliatelles au safran, beurre à la coriandre et citron au sel »). De toutes façons, détail bien pratique, quand du matériel spécifique est requis, il est listé en même temps que la liste des ingrédients. Tout est très bien dosé, on y trouve quand même une touche de cuisine moléculaire (Les très tentantes « Billes fondantes de yaourt et amandes sur une pâte sucrée au thym citron ») mais en même temps on y trouve des recettes simplissimes comme les « Tranches de jambon cru séchées à la nigelle, pour œufs à la coque ».
Les recettes sont classées par textures et même si vous ne choisissez pas de suivre une recette complètement, vous y trouverez des idées, des associations, des éléments à copier: croquant (« Mille feuille chocolat, fruit de la passion et pavot »), mousseux (« Emulsion d’huile d’argan sur un cube de potiron au safran »), crémeux (« Mangue crémeuse à l’aneth et au ras el hanout, râpée de combava »), épicé (« Fougasse à l’ananas et maniguette »), croustillant (« Fines feuilles croustillantes à la coriandre pour un houmous de betterave »), sirupeux (« Carottes, navet et fenouils confits au gingembre, sauce soja et sésame »), chaud-froid (« Poêlée de cerises aux épices et glace au fromage blanc »), acidulé (« Tuiles au fruit de la passion, banane et tapioca ») et fondant (« Caramels mou au pamplemousse »).
Pour qui ? Ceux qui aiment de temps en temps passer du temps en cuisine et mettre les petits plats dans les grands.
Take Away de Jean François Mallet
Ce n’est pas un livre de cuisine avec de jolies photos : c’est un livre de photos illustré de recettes ! J’aime beaucoup le travail du photographe Jean François Mallet, découvert notamment à travers la collection « Le vrai goût du… », sa façon si particulière de présenter les plats vivants et non pas comme une nature morte sur une jolie nappe à fleurs. Jean François Mallet définit son travail comme du « photojournalisme de cuisine » et son livre « Take Away » est un livre à part, un beau pavé de 500 photos et 120 recettes glanées dans 26 pays différents traversés ces dernières années par ce cuisinier devenu photographe ou plus précisément photographe globe trotteur. Un livre autour de la « Street Food », du « Take Away »… Spontanément quand on entend ces mots, on pense burger, hot-dog et autres stéréotypes du fast food à l’américaine. La réalité de la cuisine de la rue est cosmopolite, on la trouve partout et elle offre dans chaque pays des plats du quotidien, une cuisine populaire révélatrice de l’identité culinaire de chaque pays : les glaces et les pizzas italiennes, les stands de la place Djema el Fna, les raviolis asiatiques et autres dim sum de Shangai, le pho à Hanoï, les fish and chips en Grande Bretagne, les falafel au Liban, les chapatis en Inde, les takoyaki à Tokyo, les tapas espagnols, les stands des vendeurs de Bagel new yorkais et les fruits du marché de Boqueria à Barcelone…. Jean François Mallet nous offre de très beaux portraits, des vitrines de bouchers napolitains, des livreurs de petits plats et des vendeurs dans leurs échoppes brinquebalantes sur les trottoirs bondés… Les bols de soupe, ceux de nouilles se mélangent au kebab, aux beignets, aux empanadas, aux gargottes de bord de mer. On voyage des samossas aux brochettes en passant par les marrons chauds, les pommes d’amour et mention spéciale pour les « vendeurs de crêpes bretonnes à Kyoto » ! J’y ai découvert des recettes jamais vues avant, des trucs très « spéciaux » et j’ai salivé à la vue des « Brochettes de calamars sauce satay » de Bangkok, des « Aumônières croustillantes de canard » du Vietnam ou du « Sandwich au pastrami » québécois… Si c’est un livre qui se regarde, il donne aussi envie de prolonger le voyage en cuisine, c’est sûr !
Pour qui ? Ceux qui aime les photos et la cuisine populaire (et exotique !) sans chichis mais pleine de saveurs !
La cuisine au thé de Sylvain Sendra & Carine Baudry
C’est une amie qui me connaît bien qui m’a offert ce livre et ça m’a fait très plaisir qu’il me vienne d’elle. Ça faisait longtemps que j’attendais un livre qui m’expliquerait comment cuisiner avec le thé, celui-là n’explique peut-être pas au sens pédagogique du terme mais il donne tant de recettes (aussi bien d’entrées, de plats que de desserts), tant d’idées pour glisser du thé dans vos plats que c’est tout comme. Les recettes proposées sont peut être parfois un peu élaborées mais la plupart sont piles dans mes goûts : Tartare de saumon, émulsion de thé vert Sencha Ariake et julienne de citron confit (où le thé est infusé dans la crème de l’émulsion), Ravioles de langoustines à la crème de thé des fakirs (où l’on retrouve du thé à la fois dans la farce des ravioles et dans la crème mousseuse qui les accompagne), Soupe de pommes de terre au lard et Tarry Lapsang Souchong (ou le thé est dans la soupe) ou le Vacherin revisité, meringue au thé Fleur de Geisha, fraises gariguettes et glace vanille maison (où le thé, réduit en poudre, est incorporé aux meringues)… Avouez que ça fait envie non ? Le livre propose pour chaque recette une suggestion de thé pour l’accompagner et on retrouve aussi en début de bouquin les bases des accorts mets et thé. Le livre est abondamment illustré et pas uniquement de photo des plats, ce qui est plus qu’approprié pour un livre sur le thé, par contre je ne trouve pas la mise en page très judicieuse (une recette tient sur deux double pages et en cuisine si on peut éviter d’avoir à tourner la page du bouquin posé devant nous c’est mieux.)
Alors que ça pourrait être « désagréable » (au sens de publicitaire), j’apprécie que ce livre soit écrit en collaboration avec le palais des thés ou pour le palais des thés, ainsi il est relativement facile pour tout le monde de trouver le thé dont il est question dans les recettes. Quand il s’agit de thés « classiques » ont peu de toutes façons les dénicher partout, mais il aurait été rébarbatif que la plupart des recettes contiennent des mélanges ou des thés parfumés introuvables. Et il faut avouer - même si ce n’est pas ma source d’approvisionnement préférée en thé - que le palais des thé possède un réseaux de boutiques bien développé.
Pour qui ? Ceux qui aiment le thé et qui ont envie de le cuisiner.
C'est pas de la tarte de Fannie Denault
J’ai toujours beaucoup aimé la façon de cuisiner et les recettes de Ninnie du Blog « Mitaine Ecarlate », elle a vraiment une façon décomplexée et innovante de manier les ingrédients et de jouer avec les associations. Je savais que son livre serait à l’image des recettes de son blog et je n’ai pas été déçue, j’ai même été bluffée par le thème novateur du bouquin : les fonds de tarte. Depuis le temps que les cuisiniers comme les ménagères font des tartes, tous se posaient la question des garnitures mais pas un n’avait eu idée de jouer avec les fonds de tartes, de les rendre croquants, gourmands, parfumés, légers… Bref, de leur donner la vedette !
Dans son livre Ninnie décline une foule de fonds de tartes « différents » (comprendre : sans pâte à tarte) à base de graines, de céréales, de fruits secs, de fruits et de légumes… pour cuisiner tartes et tartelettes sucrées et salées. On y retrouve sa cuisine inventive, son goût pour les associations osées (mais toujours réussies); c’est un des livres les plus originaux dans son genre. Je suis prête à parier que vous vous approprierez rapidement les techniques et les idées de Fannie pour les décliner avec vos propres garnitures!
Mes recettes préférées : les « Tartelettes cheveux d’ange au chutney de tomates et de dattes », les « Tartelettes au quinoa soufflé, choco-framboises et pistaches » (celles de la couverture du livre - avouez que la photo donne envie non?) ou la « Tarte couscous chocolat-coco au citron vert »….
Pour qui ? Ceux qui on envie de changer des traditionnelles pâte sucrée/brisée/feuilletée/sablée…
Carnet de gourmandises de Sonia Ezgulian
Ce carnet de gourmandises de Sonia Ezgulian est petit, doux et poétique, quelques mots, beaucoup de polaroids, des couleurs, un voyage, une balade… Le charme du flou et des couleurs vintage des polaroids vous emmène en promenade sur les pas de Sonia Ezgulian… Je n’en dirais pas plus, c’est une surprise…
Pour qui ? Pour elle
Le cuisinier et le parfumeur de Jean-Marc Notelet et Blaise Mautin
Jean-Marc Notelet, chef du restaurant Caïus et Blaise Mautin, parfumeur, travaillent dans la même rue, la rue d’Armaillé à Paris. De leur rencontre est né ce livre : le cuisiner fait sentir au parfumeur une épice, lui demande ce qu’il sent et ressent… Après réflexion, le parfumeur suggère des parfums, donne les notes de tête, de cœur et de fond et le cuisinier élabore un plat mariant les parfums en question avec l’épice. Par exemple, Blaise Mautin raconte ce qu’il ressent en sentant le poivre rouge du Kerala, ce que cette épice évoque en lui : son parfum sucré-fruité lui fait penser à une meringue, ensuite une touche de pruneau lui apparaît puis la vanille et enfin la tartelette aux myrtilles des souvenirs de ski. La note de tête est le pruneau, celle de cœur la myrtille et la note de fond la vanille. Suite à ces évocations, Jean-Marc Notelet élabore une meringue au poivre rouge du Kerala.
De la même manière, la fève tonka a une note de tête de crème anglaise, une note de cœur de blanc en neige et une note de fond de caramel praline… mais avec ces notes, le parfumeur imagine un mariage avec une viande, à laquelle la fève tonka apporterai une dimension de gibier avec sa touche noisette – praline – châtaigne : Jean-Marc Notelet cuisine des dragées de joue de bœuf longuement confites à la fève tonka. De cette collaboration entre le cuisinier et le parfumeur sont nées 45 recettes autour de 45 épices différentes, des plus connues (cannelle, coriandre, baies roses, vanille, girofle, gingembre…) aux plus originales (paprika fumé, fenugrec, sumac, tonka, hibiscus, poivre de Selim, poivre long…). Cette approche fait un peu écho au livre de Julie Andrieu puisque l’on n’est pas obligé de suivre à la lettre les recettes proposées (même si la « Confiture de lait à la nigelle et au coco » ou les « Figues noires éclatées au poivre noir de Sarawak » font très envie), on peut se contenter de s’inspirer des notes aromatiques révélées par le parfumeur… Si j’ai trouvé que les épices étaient superbement photographiées, je suis par contre restée relativement insensible aux photos des plats… (Merci S. pour ce cadeau!)
Info pour les strasbourgeois: on le trouve en ce moment autour de 25 euros (si mes souvenirs sont bons) chez Di-Na-Li (rue de la grange/rue des étudiants) où il y a aussi le livre de Clotilde (Chocolat & Zucchini) autour de 7 euros...
Pour qui? De par la présence d’épices un peu introuvables, plutôt pour les cuisinier avertis et pointus
Petite (Re)Créations Culinaires de Christophe Spotti & Julie Rothhahn
Je vous ai déjà parlé de la collection Foood qui est très chouette, atypique et passionnante; des livres modernes et décomplexés. Cet opus est un vrai bonheur pour ceux qui ne prennent pas la cuisine au sérieux, qui répondent présent dès que l’on peut jouer un peu avec la nourriture. Au programme : élaborer un menu en trompe l’œil pour que vos invités aient l’impression de commencer par le dessert (cupcake tomate mozza) pour finir par l’entrée, une collection de tartines de fromage comme vous n’en avez jamais vues, des colorants naturels à fabriquer pour colorer une série de muffins, une thématique autour du pain pour le transformer, le modeler, une collection de sucettes (au fromage, au parfum de sous bois…) et des verrines monochromes comme j’aime !
Impressionnante : la choucroute où le chou est du jus de pomme gélifié, le lard est en pâte d’amandes, la pomme de terre en pommes et en poires et les baies de genièvre des bonbons à la réglisse !
Pour qui ? Ceux qui ont gardé leur âme d’enfant, qui aime jouer avec la nourriture et proposer des plats ludiques à leurs invités !
Petits dîners pour les bluffer de Martine Camillieri et Angélique Villeneuve
Cousin du bouquin précédent, encore dans la collection Foood, ce livre n’est pas un livre de recettes mais un livre de menus : des menus thématiques pour bluffer vos invités. Une influence chinoise, des fleurs ou une tendance écolo : choisissez votre fil rouge et proposez à vos invités un menu plein de pep’s. Un menu 100% betteraves (de l’apéro au dessert !), un autre en provenance directe des années 50 ou le revival kitsch de la salade russe (menu adéquat pour le baptême de votre smeg !), un menu monochrome et aussi comme dans les petites (re)créations culinaires, mais interprétés différemment, un menu en trompe l’œil et un autre version palindrome…. Un bijou de créativité et d’inventivité comme je les aime surtout que vous devez commencer à connaître mon côté monomaniaque, alors autant dire que les menus thématiques, j’adore !
Pour qui ? Ceux qui aiment l’idée d’un menu élaboré avec un fil rouge, une cuisine fantaisiste et déjantée !
Petits larcins culinaires : balade dans ma bibliothèque idéale de Claude Deloffre
Je ne pouvais pas finir cet inventaire sans cet opus, toujours dans la collection Foood, écrit par une toquée de livres de cuisine… Claude Deloffre se/nous promène dans sa bibliothèque, nous parle de ses livres favoris – ses petits trésors - les atypiques, les rares, les drôles, les pépites introuvables… et nous propose des recettes issues de ces bouquins, souvent réadaptées à sa sauce. Je vous mets au défit à la fin de la lecture de ce bouquin de n’avoir pas envie de dénicher les livres dont elle parle et dont elle a extrait ses recettes préférées !
A travers des thématiques successives (l’enfance belge, la période américaine, la cuisine chic, les livres qui emmènent en voyage, la cuisine saine, les recettes pour les zinzins du citron – avec pas moins de cinq recettes de pâtes au citron !), Claude Deloffre nous raconte ses livres de chevet, rend hommage à ses auteurs préférés et nous donne envie de feuilleter avec elle ces livres avant de passer en cuisine pour des coquillettes au foie gras, un khoresh iranien ou pour les crèmes au citron de sa grand mère.
Pour qui? Les accros aux livres de cuisine!
Et puis, vous pouvez aussi profiter du fait que jusqu'au 23 juin inclus, les frais de port sont à 1 euro symbolique sur le site des éditions de l'épure, sympa non? En plus tous leurs livres sont des petits bijoux, pas uniquement la collection "Les dix façons de préparer"...
Quant à moi, les livres pour lesquels je craquerai bien pour les glisser dans mon sac sont les suivants:
- Partagez... vos secrets de tartes de Sonia Ezgulian - et oui, encore elle, mais que voulez vous, c'est un peu ma chouchoute, j'aime beaucoup ce qu'elle fait et je guette à chaque fois ses dernières parutions; et là, un livre sur les tartes par Sonia Ezgulian ça me semble absolument parfait pour l'été, non?
- L'atelier des bonbons Bio de Linda Louis car vous savez à quel point j'apprécie le blog de Lilo et la confiance aveugle que j'ai dans ses recette... et j'en connais un qui va être ravi si je me mets à faire des bonbons maisons.
- Nature : Simple, sain et bon de Alain Ducasse parce que depuis que je l'ai feuilleté chez ma copine Anne, je manque de craquer à chaque fois que je rentre dans une librairie!
- Tout le monde peut cuisiner de Jamie Oliver car des recettes simples, équilibrées et efficaces sans se prendre la tête c'est le bon plan pour les vacances!
- Le seul livre de cuisine qui vous laisse le temps de prendre un bain avant le dîner : Recettes du quotidien et buffets de fête à préparer la veille ou à congeler de Agnès Lambert parce que l'été, y'en plein d'autres choses que j'ai envie de faire plutôt que de m'éterniser en cuisine!
Et vous, vous savez quels livres vous allez glisser dans votre sac?