Gin Fizz en chaud froid
Soulagée, non, pas vraiment. J’ai toujours ce poids sur mes épaules. Un truc qui ne s’enlèvera pas tout seul. J’ai réalisé assez récemment que tout au long de ma scolarité, mon taux de confiance en moi a toujours été corrélé à ma réussite scolaire. Comme s’il n’y avait que ça qui importait. D’ailleurs, ces derniers mois, il n’y a bien que ça qui importe. Comme seul obstacle au bonheur.
On n’a que ça dans la tête. Ça et son unique neurone qui montre des signes de faiblesse… Et ça vous ronge. Parfois, souvent, on se dit qu’on aurait dû choisir d’autres études, souvent on ressent une forme de haine envers son absence d'intelligence, et parfois on déplace cette rancœur vers des visages de profs bien connus (allant jusqu’à vouloir imprimer leur photo pour la mettre sur le jeu de fléchettes qui traîne quelque part chez ses parents). On se retrouve à se coucher tard, très tard, pour être bien fatiguée et tomber illico dans les bras de Morphée, de toute façon si on se couche un peu plus tôt, on ne réussi pas à s’endormir tant son cerveau est englué par des pensées noires. Et puis voir les choses empirer ces derniers jours et être incapable de s’endormir seule, avoir besoin de l’odeur de son cou pour réussir à s’endormir un peu plus sereinement… Se retrouver face à son cerveau qui a atteint sa capacité limite d’intégration de nouvelles choses, incapable d’emmagasiner la moindre information nouvelle, se dire que l’on ne pourra plus rien y faire entrer et que l’on passera sa vie entière à être étudiante dans la même année universitaire sans jamais passer à l’année suivante…
L’année dernière j’avais été bien inspirée, à peu près à la même période, de fêter la fin des exams chez S. avec un brownie cheesecake et des tartes au fromage blanc… Une soirée alcoolisée au bord de la piscine pour la fin des exams, ne pas attendre les résultats pour fêter ce soulagement que l’année soit finie avait été une bonne idée puisque si j’avais attendu les résultats je n’aurai rien eu à fêter. Rien du tout. Et cette année je n’ai aucune envie de fêter cette fin d’examen qui ne me soulage pas du tout. J’ai peur; et pour oublier ça, en rentrant de la fac je me suis quand même arrêtée à l’épicerie du coin pour acheter une grosse poignée de citrons, je me suis dépêchée pour être rentrée à temps avant que l'orage n'éclate et j’ai ouvert le pensum qu’est « Comme un chef » (il faudra que je vous reparle de ce livre) et j’ai suivi à ma façon* la recette de Gin Fizz de Ferran Adrià qui avait déjà fait ces preuves il y a quelques mois pour étrenner mon siphon.
Ce cocktail est un délice… Une base de granité gin & citron (duo tout aussi gagnant que celui du schweppes et du gin ^^) et au dessus une écume chaude de ce même mélange gin & citron… Une alliance de températures, un contraste de textures… une écume toute douce, tiède et réconfortante et des cristaux plein de fraicheur…parfait !
Gin Fizz
Recette de Ferran Adrià
"Comme un chef" (Larousse)
Pour 4 verres de taille moyenne
(J’ai diminué les doses de moitié par rapport à la recette de base, vous pouvez sans problème les doubler si vous avez un siphon de 50cl)
Sirop :
75g de sucre
60mL d’eau
Ecume chaude :
2 blanc d’œufs (75g)
60mL de jus de citron
40mL de gin
Pour le granité :
125mL de jus de citron
75mL de gin
Et aussi :
1 siphon (résistant à la chaleur)
1 chinois
1 cartouche de gaz
Réaliser le sirop en mélangeant dans une casserole le sucre et l’eau, porter à ébullition et réserver au frigo.
Réaliser le granité en mélangeant le jus de citron, le gin, la moitié du sirop. Mettre au congélateur pour quelques heures. Les granités alcoolisés ne prennent jamais complètement en masse (l’alcool diminue le point de congélation) ce qui est bien pratique car on a pas besoin d’aller les gratouiller toute les heures. Par contre, ça prend plus de temps à prendre en masse.
Quand le granité est gelé, réaliser l’écume chaude en fouettant les blancs d’œufs (ne pas les monter en neige !), y ajouter le jus de citron, le gin et la moitié du sirop. Passer au chinois et transvaser dans le siphon. Fermer, charger en air, secouer et garder au chaud dans un bain marie à 65°C.
Servir le granité dans des verres remplis à mi hauteur et coiffer de l'écume chaude.
* en fait, j’ai suivi la recette quasi à la lettre (car contrairement à certains, je suis tout à fait capable de suivre une recette au mot près), mais Ferran Adrià conseille de passer le granité au mixeur une fois qu’il a pris en masse afin d’obtenir une émulsion ; et de conserver cette émulsion ensuite au congélateur. J’ai volontairement zappé l’étape du mixeur car je trouvais mon granité pas extrêmement gelé/pris en masse et j’ai jugé que mixer tout ça ne ferait que liquéfier un peu plus la chose. Ensuite, c’est à vous de voir.
C'est aussi un cocktail pour Lolotte
Et si vous voulez d'autres boissons alcoolisées, je vous propose:
Abricot au sirop acidulé, éclats de pistaches caramélisées et granité alcoolisé
Granité vodka-orange sanguine
Granité de gin citronné
Le danger public - Un cocktail à se pâmer (Bailey's - Amaretto)