Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants (Mais peu d’entre elles s’en souviennent)
Et voilà, j’ai un an de plus et donc, petit à petit, je deviens une grande personne… Peut-être qu’un jour je ne me souviendrais plus d’avoir été enfant, peut être qu’un jour je ne comprendrais rien toute seule et que ce sera fatiguant pour les enfants de toujours me donner des explications… Peut-être que c’est déjà le cas. Pourtant, j’espère que je serai toujours capable de voir les moutons à travers les caisses… En tous cas, "Les enfants doivent être indulgents envers les grandes personnes." Mais franchement, me rendre compte que je ne suis plus capable de voir les moutons à travers les caisses, et bien ça me poserai plus de problème que des rides au coins des yeux.
J’ai des obsessions, des trucs que je traîne avec moi et dans ma tête et auxquels je suis attachée. Je suis notamment une inconditionnelle du Petit Prince de Saint Exupéry. Ce livre est magique. C’est une perle rare, un livre que certains considèrent à tort comme un livre pour enfants alors que je ne me lasse jamais de le lire et le relire et que je pense que beaucoup de « grandes personnes » devraient le (re)lire. C’est plein de poésie, de philosophie ; c’est tendre, réaliste, plein de sensibilité et tellement attachant. Ce livre est une leçon de vie.
« Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui.
Si tu réussis à bien te juger, c’est que tu es un véritable sage. »
« Les hommes de chez toi, dit le petit prince,
cultivent cinq mille roses dans un même jardin...
et ils n'y trouvent pas ce qu'ils cherchent. […]
Et cependant ce qu'ils cherchent pourrait être trouvé
dans une seule rose ou un peu d'eau... »
« J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable.
On ne voit rien. On n'entend rien.
Et cependant quelque chose rayonne en silence... »
Alors quand j’ai vu chez Jumbo Empanadas un gâteau à l’image du Petit Prince, un gâteau plein de poésie, un gâteau aux étoiles, j’ai su que celui-là serait MON gâteau d’anniversaire. Bien plus que tout cheesecake décadent ou énorme gâteau chocolaté au design plus ou moins travaillé, c’est celui là qui me ressemblait le plus. Bizarrement c’est celui où je me suis contentée d’appliquer à la lettre la recette, sans rien crée et sans y mettre mon grain de sel, et bien c’est ce gâteau qui serait le plus proche de moi. Je savais que la plupart des gens ne saisiraient pas l’importance de ce gâteau. Ce n’était pas grave, c’était normal. Autant un cheesecake dégoulinant de caramel ou un gâteau au chocolat en rouge et noir, ça attire l’œil et c’est fait pour d’ailleurs… autant ce gâteau est plus modeste, plus simple mais il suffit d’aller voir un peu plus près pour voir les étoiles et être intrigué. Enfin, toute personne n’est pas susceptible d’être intrigué par un gâteau aux étoiles. Tout comme toute personne n’est pas capable de reconnaître un boa qui digère un éléphant…
«
Quand je rencontrais [une grande personne] qui me paraissait un peu
lucide, je faisais l’expérience sur elle de mon dessin numéro I que
j’avais toujours conservé. Je voulais savoir si elle était vraiment
compréhensive. Mais toujours elle me répondait : « C’est un chapeau. »
Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni
d’étoiles. Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridges, de
golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien
contente de connaître un homme aussi raisonnable »
En plus l’idée d’un gâteau à la carambole me plaisait (note linguistique : le nom anglais de ce fruit me convient beaucoup plus : « Star Fruit ») Enfant, ce fruit m’intriguait, c’était joli, mais au goût ça m’avait déçue plus d’une fois donc je me contentais d’y jeter un coup d’œil sans y goûter. Plus tard je considérais que ce fruit avait quand même un rôle ingrat : toujours là pour son physique, à faire la potiche sur un coin d’entremet mais jamais utilisé pour son goût. Moi même je n’en avait jamais rien fait. C’était l’occasion.
« Les étoiles sont belles, à cause d’une fleur que l’on ne voit pas… »
Pour un gâteau aux étoiles…
« J’aime la nuit écouter les étoiles. C’est comme cinq cents millions de grelots. »
« Le langage est source de malentendus »
100g de farine
100g de farine de mais
60g de petits flocons d’avoine
1 sachet de levure chimique
1/4 de cuillère à café de bicarbonate de soude
4 blancs d’oeuf
2 yaourts natures
130g sucre brun
4 cuillères à soupe de miel
4 cuillères à soupe de beurre fondu
Le zeste finement haché et le jus d’un citron
1 carambole coupée en tranches d’épaisseur moyenne (à peu près 8 tranches) « C’est véritablement utile puisque c’est joli. »
4 cuillères à café de sucre
« Je n'aime guère prendre le ton d'un moraliste. Mais le danger des baobabs est si peu connu, et les risques courus par celui qui s'égarerait dans un astéroïde sont si considérables, que, pour une fois, je fais exception à ma réserve. Je dis: "Enfants! Faites attention aux baobabs!" »
Dans un saladier, mélanger les farines, les flocons d’avoine, la levure et le bicarbonate de soude. Dans un autre saladier, mélanger les blancs d'oeufs, les yaourts, le sucre brun, le miel, le beurre, le zeste et le jus du citron. Ajoutez le mélange de blancs d'oeuf au mélange de farines, bien mélanger.
Graisser un moule rond, y verser la préparation et y déposer les tranches de carambole.
Faites cuire au four dans un four 180°C environ 50 minutes. Saupoudrer avec le sucre, remettre au four pour une minute ou deux (la lame d’un couteau doit sortir propre du gâteau si on la plonge au centre). Laisser refroidir un peu sur une grille.
« S’il vous plait… dessine-moi un mouton ! »
« Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir. »
« Quand on veut un mouton, c’est la preuve qu’on existe »
Au final, comme je l’avais prévu, ce n’est pas le gâteau qui a le plus marqué les esprits. Si l’on m’a dit « Waoouuhhh ! Ton cheesecake il déchire» ou « Mmmhh le gâteau au chocolat, avec le croustillant, c’est de la bombe », personne ne m’a dit « Oh ! Tu as fait un gâteau aux étoiles ! » Non, ce gâteau est passé inaperçu. Certes il a été mangé, bon, okay, c’est le seul gâteau qui n’a pas été complètement mangé : le lendemain il devait rester un petit quart de gâteau aux étoiles… mais en rangeant, je n’ai pas retrouvé de part entamée et non achevée dans les assiettes… les personnes y ayant goûté ont donc apprécié et ont fini leur part. Moi j’ai beaucoup aimé ce gâteau, et je dis ça en toute objectivité et en faisant abstraction du côté étoilé et princier. En effet j’ai aimé la touche de carambole ainsi que la texture et le goût du gâteau. Il n’était pas sec, doux et comme du velours en bouche. Un petit goût agréable pour les papilles, légèrement différent de celui des classiques gâteaux style quatre quarts et cake, sans doute l’effet farine de maïs. Je ne trouvais pas du tout ce goût très fort et je le trouvais même agréable, et pourtant, Blonde et Little So’, qui ont compris que bien plus qu’un compliment bateau du genre « MMhhh trop bon » c’était les critiques objectives (et constructives) qui me faisaient plaisir m’ont dit ne pas avoir aimé le « petit goût » de ce gâteau. Et je n’ai toujours pas compris ce qui leur avait posé problème puis que Little So’ aime à la fois les caramboles et les pains à la farine de maïs… !?!
« Il y a des millions d'années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n'est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ? Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs ? Ce n'est pas plus sérieux et plus important que les additions d'un gros Monsieur rouge ? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n'existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu'un petit mouton peut anéantir d'un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu'il fait, ce n'est pas important ça ! »
Au final, bien plus que de vous inciter à faire ce gâteau (quoique...), j’aimerai que ce billet vous incite à lire ou plutôt, je l’espère, relire ce chef d’œuvre. Certes, de nos jours les produits de masses –au sens d’achetés par la masse- (livres, musique) sont généralement, à quelques exceptions près, les plus médiocres, mais le Petit Prince est toujours vendu chaque année à des millions d’exemplaires dans le monde entier. Et ce n’est pas pour rien. Comme si les parents voulaient inculquer à leurs enfants une vision des choses, une philosophie et une sensibilité qu’eux-mêmes ont perdu depuis longtemps et dont ils sont peut être, pour les meilleurs d’entres eux, nostalgiques. Personnellement je me souviens très bien de l’exemplaire de mon enfance, trouvé ou reçu chez ma grand mère, c’était en fait déjà l’exemplaire de mon père… Même s’il avait bien vieilli ma grand mère avait consolidé la reliure avec une bande de feutrine rouge autocollante. Aucun autre exemplaire du Petit Prince ne doit avoir un tel look. Et c’est tant mieux. Depuis j’ai racheté le petit prince. Dans d’autres éditions. Des livres beaucoup plus lisses, plus propres et sans histoire… si ce n’est celles que j’y écris moi même au crayon.
« "Je me croyais riche d'une fleur unique, et je ne possède qu'une rose ordinaire. Ça et mes trois volcans qui m'arrivent au genou, et dont l'un, peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fait pas de moi un bien grand prince..." Et, couché dans l'herbe, il pleura. »
Si je n’ai pas réussi moi même à vous pousser à rouvrir ce petit livre (et si vous faites partie des grandes personnes pressées, sachez que même si c’est un livre qui ne vous quitte jamais, il est lu en un fragment de seconde… ) je vais vous citer un extrait de la critique littéraire de Frédéric Beigbeder, critique réalisée à l’occasion du résultat d’un sondage/vote Le Monde/La Fnac en 1999 qui visait à déterminer les 50 livres du siècle. Si vous êtes curieux et vous aimez les chiffres, sachez que Le Petit Prince était quatrième à ce classement. Mais à mon humble avis, c’est une erreur, il y a eu tricherie et Camus a du largement soudoyer les sondés/voteurs pour finir premier avec l’Etranger. Il va de soi que ma tête blonde préférée devrait être en tête de liste.
« - On est un peu seul dans le désert...
- On est seul aussi chez les hommes, dit le serpent.
Il s'enroula autour de la cheville du petit prince, comme un bracelet d'or:
- Celui que je touche, je le rends à la terre dont il est sorti, dit-il encore. Mais tu es pur et tu viens d'une étoile... »
« Sans le faire exprès, Antoine de Saint Exupery a crée des personnages immédiatement mythiques : ce petit prince tombé de sa planète B 612 qui réclame un dessin de mouton à un aviateur égaré dans le désert ; cet allumeur de réverbères qui dit tout le temps bonjour et bonsoir ; ce renard philosophe qui veut qu’on l’apprivoise… et qui fait comprendre au petit Prince qu’il est « responsable de sa rose ». Ce conte aurait pu s’intituler « A la recherche de l’enfance perdue ». Saint Exupery y fait sans cesse référence aux « grandes personnes » sérieuses et raisonnables, parce qu’en réalité, son livre ne s’adresse pas aux enfants mais à ceux qui croient qu’ils ont cessé d’en être. C’est un pamphlet contre l’âge adulte et les gens rationnels, rédigé avec une poésie tendre, une sagesse simple […] et une feinte naïveté qui cache en réalité un humour décalé et une mélancolie bouleversante. » Dernier inventaire avant liquidation, Frédéric Beigbeder
« Je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non
plus. […]
Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre.
Tu
seras pour moi unique au monde.
Je serai pour toi unique au monde… […]
Si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée.»
« On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser. »
« Pour vous qui aimez aussi le petit prince, comme pour moi, rien de l'univers n'est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose... Regardez le ciel. Demandez-vous : le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ? Et vous verrez comme tout change... Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d'importance ! »
Toutes les illustrations ainsi que toutes les citations en bleues
sont issues
du livre « Le Petit Prince » d’Antoine de Saint Exupéry (1943)
Car cet homme, non content d’écrire le plus beau des livres
savait aussi dessiner les dessins les plus touchants.
« Et je compris que je ne supporterai pas l’idée
de ne plus jamais entendre ce rire.
C’était pour moi comme une fontaine dans le désert. »