Missing Japan – Tomo, Paris
J’avais bien entendu ces sortes de légendes urbaines comme quoi après un voyage au Japon il était ensuite impossible de remanger des sushi en France tant ils ne pouvaient tenir la comparaison etc. Sérieusement, il n’en est rien. Il y a maintenant d’excellents restaurants japonais en France, certains il faut le dire, dépassant l’échoppe lambda sur laquelle on peut tomber au Japon. Donc je ne boude pas mon plaisir même depuis notre retour.
Si avant de partir N. avait hâte de faire une cure de tonkatsu, moi je rêvais de ramen, de soba et de udon et je n’ai pas été déçue mais la véritable révélation sur place ce fut un ichigo daifuku dégusté dans la rue à Takayama qui m’a absolument transcendée alors que je ne m’y attendais pas, mais pas du tout.
Petite session de sémantique japonaise avant de continuer. Avec un peu de chance vous connaissez les mochi, une préparation à base de farine de riz gluant qui peut être façonnée en boules/boulettes et être sucrée et parfumée (les brochettes de dango) ou peut avoir une forme rectangulaire et être cuisiné salé (kirimochi). C’est un immanquable de la cuisine japonaise connu aussi pour être à l’origine de fréquent décès par étouffement ! Au rang des mochi sucrés, les daifuku sont présent partout au Japon (et on les retrouve facilement dans les épiceries asiatiques en France) : ce sont des mochi fourrés à différents parfums : ça peut être à la pate de haricots rouges azuki, au matcha mais aussi – on y arrive – d’une fraise et là ça devient un ichigo daifuku (on pourrait appeler ça un mochi à la fraise mais d’expérience, « strawberry mochi », ça n’a pas l’air de trop parler à un japonais : appelons un chat un chat).
Les mochi et particulièrement les daifuku ne sont généralement pas spécialement ma tasse de thé, j’en ai certes mangé un délicieux au matcha au Japon mais j’ai sinon la plupart du temps j’étais relativement déçue à la fois par le goût et la texture. A Takayama, j’avais vraiment très très très faim et pour une fois N. un peu moins et du coup en attendant l’heure du déjeuner, j’ai craqué pour un ichigo daifuku mue par un mélange de curiosité et d’empressement à simplement trouver quelque chose à me mettre sous la dent. L’échoppe était toute petite et ne proposait que des ichigo daifuku et au moment ou j’ai croqué dans ce mochi, stupeur, c’était absolument magique : la fraise parfumée et fraiche, entourée d’une fine et subtile pâte de haricot blanc (« shiro-an ») et le tout dans une enveloppe de mochi souple et moelleuse c’était absolument terrible (après le déjeuner tant attendu j’y suis retournée dare-dare pour prendre non pas un mais deux ichigo daifuku en guise de dessert). Plus tard au fil du séjour je suis tombée à deux autres reprises sur des stands de ichigo daifuku, j’ai craqué, forcément, à chaque fois et même si ils n’étaient jamais aussi bons que ceux de Takayama (non seulement les fraises étaient entourées de pâte de haricots rouges comme c’est le cas la majorité du temps et non pas de haricots blancs mais en plus ils n’étaient pas aussi fins et il n’y avait plus cette magie de la découverte), il y avait vraiment quelque chose dans le contraste des textures et cette fraise fraiche et juteuse enfermée au cœur de ce mochi qui a crée comme une addiction.
Pourquoi j’en viens à vous raconter mon expérience avec les ichigo daifuku ? Déjà car bien sûr depuis notre retour je me suis frottée aux ichigo daifuku maisons mais il reste encore un peu de travail avant d’arriver à un résultat publiable ici. Du coup j’ai trouvé une alternative pour satisfaire mon envie de ichigo daifuku parfaits : la pâtisserie Tomo.
La spécialité de cette pâtisserie franco nippone c’est les dorayaki, vous savez ces immanquables sortes de sandwiches de pancakes japonais farcies de pâte de haricots rouges azuki ? Sauf que la pâtisserie Tomo en offre une version très luxueuse allant des traditionnels dorayaki aux azuki à des versions plus métissées : dorayaki garni d’une ganache chocolat blanc et matcha ou ricotta-yuzu. Outre ces dorayaki, la vitrine propose aussi de magnifiques desserts franco japonais : un adorable dorayaki Paris-Tokyo garni d’une crème au praliné amandes-noisettes et kinako, un doriyaki façon tarte au citron au yuzu, un Dorayaki-Baba au whisky japonais ou un dorayaki au café et ganache au chocolat noir et au sarrasin torréfié pour un opéra revisité. La vitrine qui s’offre devant vous est aussi jolie qu’appétissante mais comme ma passion pour les dorayaki est moindre que celle pour les ichigo daifuku il fallait faire des choix et j’ai tourné mon regard vers leur sélection de wagashi (pâtisseries traditionnelles japonaises) et là stupeur, mon œil aiguisé à tout de suite capté la présence de ichigo daifuku. A ce stade là j’étais quasi en transe, j’ai choisi un ichigo daifuku et un deuxième wagashi, le plus joli celui qui s’appelait « Clématite » à base d’abricot séché, de shiro-an et de pâte de riz. Absolument délicieux. On peut parfois être déçue par des wagashi trop beaux pour que le goût soit aussi bon, ce n’était pas le cas. Quand à mon ichigo daifuku ? Et bien il était vraiment pas mal du tout, certes il ne valait pas celui de Takayama (mais je sais que rien ne pourra l’égaler celui là) mais il était d’une grande finesse et meilleur que certains dégustés au Japon. Malheureusement pour rester raisonnable non seulement pour pouvoir continuer à rentrer dans mon jeans mais aussi vis à vis des prix de ces petites merveilles je me suis limitée à deux wagashi. J’aurai bien eut envie de gouter leur dorayaki – c’est quand même la spécialité de la maison – ou le mochi au matcha mais ce sera pour une prochaine fois. L’endroit est aussi un agréable salon de thé qui propose les délicieux thés de la maison de thé japonaise Jugetsudo
Pâtisserie Tomo
11 rue Chabanais
75002 Paris
http://patisserietomo.fr
Tarifs :
Doriyaki traditionel entre 4 et 6 euros
Doriyaki franco japonais entre 6 et 7 euros
Wagashi autour de 5 euros
Comptez 1 à 2 euros de plus pour déguster sur place