Une paire de botte, une paire de chaussures vernies et une paire de basket (un week end de février à Strasbourg)
Vendredi matin, quand il est parti travailler, N. m’a demandé si j’étais excitée comme une puce… Il fallait bien avouer que oui mais il y avait encore quelques points à fignoler : cuire le pandoro qui avait levé sagement toute la nuit, passer l’aspirateur et finir la vaisselle qui traînait dans l’évier. La veille j’avais traversé la ville sous un superbe soleil - comme il n’y en avait pas eu depuis pas mal de temps - en souriant (la perspective du week-end en tête…) et en croisant les doigts pour qu’il fasse ce temps-là pendant tout le week-end… Il n’en fut bien sur rien et quand j’attendais, assise sur le banc au milieu du quai, l’arrivée avec vingt minutes de retard (on ne changera pas les bonnes habitudes de la SNCF) du train en provenance de Paris Est, le temps était très gris même si il ne faisait pas si frais que ça ; n’empêche que j’avais été très déçue en ouvrant les volets au réveil. À une semaine près elles auraient découvert Strasbourg tout blanc sous la neige, avec les chaussures qui font "scroutch scroutch" sur les trottoirs, rappelant les (lointaines) vacances à la neige. Je n’ai pas eu le temps de finir mon article des inrock sur la mort de Salinger, le train est arrivé. J’ai avancé sur le quai en scrutant les visages et à un moment, quand je me suis retournée, elles étaient là, avec leurs sourires et leurs valises. Je ne vous dirais pas laquelle des deux avait des bottes fourrées, vous remettriez en doute mes propos.
Je n’avais pas le choix, si je voulais qu’elle vienne me voir, la linguiste exigeait des fleischschnaka (autant vous dire qu’il y a pire comme condition sine qua none) (et puis moi la prochaine fois j’exigerais soit des crêpes à la ciboule soit des sandwiches au cochon laqué). Je crois qu’elles ont aimé…
Pour ne pas en retrouver une des deux (vous devinerez très facilement laquelle) en état de manque, après avoir ajouté sur la table du petit déjeuner un pot de marmelade "pamplemousse - clémentine" de Cécile et ce qui restait du earl grey chiffon cake, j’ai glissé dans la chaîne hifi un disque de Vincent D. La seconde n'ayant « à l’époque » pas encore développé son addiction sévère à Benjamin B., nous ne l'avons pas écouté du week-end (chose à mon avis impensable aujourd’hui); mais rassurez vous, de source sûre, elle s'est bien rattrapé la semaine qui a suivi!
Image de l'Alsace pour les touristes (vive les clichés!)
Plat à Tajine de Soufflenheim: artisanat traditionnel alsacien, c'est bien connu
Je ne vous raconterai pas tout de ce chouette week-end où je me suis rendue compte qu’avoir une linguiste à portée de main quand on a oublié tous les b.a.ba de l’orthographe (excuse officielle : trop d’années de prises de notes effrénées dans l’amphi à abréger à qui mieux mieux) c’est vachement pratique. Par contre ne pas oublier de la ménager pour lui éviter les infarctus en lui demandant si « leur » prend un "s" dans cette phrase ? Un vendredi après midi où les deux filles de la table d’à côté, au milieu du salon de thé qui a fait halluciner Mingou, elles, ne ménagent pas Patoumi en parlant d’Agatha Christie qui a écrit « Miss Dalloway », à moins que ce ne soit Jane Auster ?
Patoumi fait de très bons cakes (au cas où vous en doutiez)
Et comme celui là se conserve longtemps il permet de prolonger le week-end,
même quand elles sont parties depuis déjà quelques jours...
Salon de thé d'une autre époque
Madeleines Bling Bling et Porcelaine fleurie
Un chouette week-end, certes trop court, en quelques chiffres…
- UNE (palourde) dans l'assiette de la linguiste qui n'aime pas ça (et dire que N. m'avait demandé de vérifier si elles aimaient ça... j'ai comment dire... oublié...). Enfin, qui croyait ne pas aimer ça...
- DEUX (commis de luxe). Comme les demoiselles ne sont pas très sortables et qu’elles sont du genre à faire une OPA sur l’addition et qu’elles font la vaisselle pendant que je prends ma douche, pour me venger, le lendemain je me suis offert des commis de luxe en les faisant détailler les carottes, les poireaux, les oignons nouveaux, le concombre en fins petits bâtonnets, tous de taille identique au millimètre près (N. était là pour vérifier) pour accompagner un bœuf tataki. Je dois avoir une tendance esclavagiste.
- DEUX (bouillons de palourdes) en l’espace d’un week-end :) (heureusement que finalement la linguiste aime ça…)
- TROIS (filles) qui boivent le thé en écrivant des cartes postales pas très sérieuses en causant de zeugme et en rigolant.
- DEUX (cakes chocolat gianduja) qui voyagent dans le tgv Strasbourg – Paris et Mingou qui ne sera tranquille que quand elle aura rangé les bagages à portée de vue : faudrait pas qu’on vole des valises si bien garnies !
La nouvelle toquade de N. : les bouillons de palourdes (miam!)
Je regrette un peu ma fausse note du dimanche soir : les avoir laissées prendre le train avec un sandwich au poulet très décevant, décidément, rien ne vaut un bon coronation chicken ! J'espère que malgré ce mauvais sandwich au poulet et l'épisode de la découpe minutieuse de légumes, vous aurez quand même envie de revenir... ne serait-ce que pour goûter au tofu de Madame Kim ! Et puis je referai des fleischschnaka (si vous voulez). En tous cas moi j'ai hâte de vous retrouver, que ce soit à Paris ou à Rennes.
Earl Grey chiffon cake
Recette du livre "The joy of cooking" vue et admirée sur le très beau blog Sooishi. J’ai suivi sa recette à la lettre, mais en zappant le glaçage car j’avais envie de quelque chose de simple, moelleux mais pas glacé : c’était parfait. J’ai juste divisé les proportions par deux car mon moule à chiffon cake ne fait que 18 centimètres de diamètre, c’était encore trop : le chiffon cake a presque débordé du moule :) Les moules à chiffon cake (ou « tube pan ») sont très courants aux Etats Unis où ils sont aussi utilisés pour l’Angel Food Cake, par contre ces moules sont introuvables en France. Vous pouvez sans doute les remplacer par un moule à kougelhopf ou à baba (si vous testez dites-moi si c’est ok) mais si comme moi vous n’avez pas peur de vous lancer dans une collection de moules exotiques qui fera déborder vos placards, vous pouvez trouver des tube pans sur ebay.
Pour un moule à chiffon cake de 22 centimètres de diamètre
1,5 cuillères à soupe de thé Earl grey en vrac (de bonne qualité)
130g de farine
145g + 30g de sucre en poudre
8g de levure chimique
3g de sel fin
2,5 jaunes d'œufs
80g de thé (liquide) infusé, refroidi et filtré
50g d'huile végétale
1 gousse de vanille (la fendre ne deux dans la longueur et en récupérer les graines avec la pointe d’un couteau)
4 blancs d'œufs
Deux heures avant de préparer le cake:
Infuser le thé dans 225g d'eau bouillante, laisser infuser pendant 2 heures. Au bout de ce temps, essorer les feuilles et réserver le thé et les feuilles séparément.
Séparer les œufs et laissez les blancs et les jaunes à température ambiante.
Préparer le cake:
Préchauffer le four à 170°C.
Tamiser deux fois les ingrédients secs (farine, 140g de sucre, levure, sel).
Dans saladier, battre à vitesse rapide les jaunes d’œufs avec le thé liquide, l’huile et les graines de vanille, ajouter ensuite ce mélange au mélange des ingrédients secs tamisées, ajouter aussi la moitié des feuilles de thé bien essorées. Bien mélanger jusqu’à ce que le mélange soit homogène.
Monter les blancs en neige, quand le fouet commence à laisser des traces, ajouter les 30g de sucre semoule et continuer à fouetter jusqu’à avoir une neige bien ferme. Incorporer ensuite délicatement les blancs en neige au mélange précédent.
Beurrer le moule, le garnir avec la préparation et cuire 1 heure.
Au bout de ce temps, retourner le moule à chiffon cake, le laisser reposer sur ses petits pieds et laisser le cake complètement refroidir (si le moule à chiffon cake n'a pas de petits pieds, le poser à l'envers sur le goulot d'une bouteille).
Démouler soigneusement le cake, s’il a trop levé pendant la cuisson, couper le haut du cake avec un couteau à pain pour le rendre plat.
Parfait au petit déjeuner comme au goûter.