A contre temps...
L’autre soir en sortant du restaurant, je me suis dit que ça faisait quand même bien longtemps que je n’avais plus parlé de bonnes adresses ici. Certes je vous ai envoyé quelques cartes postales cet été mais rien de plus. Parfois il est plus simple et plus rapide de rédiger une recette….
Je venais de manger un délicieux pigeon en croûte de pignons (avec une brunoise de petits légumes si bonne mais il y en avait si peu....) à La cuillère à pot. Je n’avais absolument pas été raisonnable en choisissant quand même un dessert ; une barre choco-praliné très chocolatée, à la fois mousseuse et croustillante, vraiment très bonne, nettement plus chocolatée que pralinée, mais qui aurait peut-être méritée d’être plus frustrante parce que j’ai failli ne pas la finir tant elle était de taille et, je ne sais pas vous, mais moi, quand il est question de dessert (et de chocolat !), je ne trouve ça pas désagréable qu'une fois la dernière bouchée savourée (c’est toujours la meilleure bouchée, surtout si comme moi vous êtes adepte du « garder le meilleur pour la fin », mais là deux écoles s’affrontent) on se dit que mmhhh c’était si bon qu’on en aurait bien redemandé… Le dîner avait été bon, et le vin mystérieux servi en apéritif s’était avéré être un vin vosgien (!), garanti sans raisin : un délicieux vin de rhubarbe. J’avais enfin pu tester cette « nouvelle » adresse dont mon père, mon patron et mes collègues ne cessaient de vanter les louanges. Par contre j’avoue que le décor et l'atmosphère du lieu ne m'ont absolument pas séduite. Le carrelage au sol c’est vraiment un détail qui n’en est pas un pour moi. Je crois que je fais une allergie aux salles de restaurant carrelées. Ça manque de chaleur, de classe. (Et puis les mûrs semblent peints avec des couleurs choisies par un daltonien – j’ai rien contre les daltoniens, soyez en sur, cependant je ne suis pas certaine que ce soient les personnes les plus à même de choisir des teintes harmonieuses - à savoir ici une sorte de turquoise et un genre d'orange).
Mise à jour : depuis la redaction de ce billet "La cuiller à pot" à changée de propriétaire!
On marchait dans les rues de Strasbourg en direction d’un endroit que j’aime beaucoup mais qui s’avéra ce soir-là (comme souvent) bondé, l’air était doux, on aurait pu y boire un verre en terrasse et je me suis rappelé que l’été finissait et que j’avais oublié de vous parler des déjeuners estivaux à la terrasse du salon de thé grand rue. Quel sombre oubli. C’est bien dommage car la saison se finie et il vous faudra attendre l’an prochain pour vous asseoir, au soleil, place des meuniers et déguster des Knepfles aux queues d’écrevisses ou des Bouchées à la reine à la volaille, poêlée de pleurotes…
Pourtant le salon de thé grand rue ne m’a pas convaincue au premier contact. J’aimais entrer dans ce cocon chaleureux et feutré pour un petit-déjeuner ou un tea time d’exception (et je vous en avais déjà parlé) mais la première fois que j’ai décidé d’aller y déjeuner, j’avais choisi les lasagnes de légumes confits, filet de truite fumée à l’ancienne, sauce aigrelette aux groseilles ; le serveur m’avait prévenue que c’était des lasagnes sans pâte mais j’avais maintenu mon choix. Et là patatra, grosse déception. Je suis une grande adepte des filets de truite fumés, bien différents du saumon fumé, qui non seulement sont délicieux mais en plus me replongent en enfance (mais qui malheureusement sont souvent bien délicats à dénicher) et les légumes grillés c’est délicieux en général; mais là l’ensemble ne m’a pas convaincue. Il était clair que l’analogie avec les lasagnes étaient bien bien loin et la multitude de petits accompagnements autour de ce plat était catastrophique : des écrevisses qui semblaient encore mariner dans la saumure, une tartine de ratatouille où ni la ratatouille ni le pain n’étaient bon, un dôme de taboulé que l’on aurait pu deviner sorti d’une barquette de supermarché. Aïe. Mais, j’ai raconté ma triste expérience à une autre adepte de ce lieu et elle m’a convaincue d’y retourner en me disant qu’en effet, c’était un peu LE plat à ne pas choisir.
Alors j’y suis retournée, et même plusieurs fois, j’ai découvert les joies du millefeuilles de galettes de pommes de terre au saumon fumé, pommes poêlées à l’eau de rose, sauce raifort et des knepfles aux queues d’écrevisses. C’est bon, sympathique, avec une touche d’originalité. La carte semble immuable et ça a un côté réconfortant : on sait que d’une fois à l’autre on retrouvera ses plats fétiches; c’est aussi extrêmement copieux : ce qui est clairement un problème car je vous mets au défit d’avoir l’appétit suffisant pour enchaîner plat et dessert et c’est bien dommage car les pâtisseries sont délicieuses (mais elles aussi très largement servies !), la solution est de partager (une part de tarte au fromage blanc, simple exemple).
En fait, j’ai peut être simplement oublié de vous en parler cet été inconsciemment : les places y sont rares et prisées…
Mais le salon de thé grand rue est aussi un salon de thé et son décor à la fois kitsch et baroque, tout de rouge vêtu est terriblement chaleureux. Quand on y entre, la première chose que l’on voit c’est l’exposition de tartes et de gâteaux tous plus gourmands, décadents et déraisonnables les uns que les autres. Ils ont un côté très "maison" : ils sont aussi bons que les gâteaux de mamies et même si ils sont beaux ils n’ont pas l’esthétisme inaccessible des pâtisseries professionnelles. Le salon de thé grand rue n’a pas son pareil pour les tartes au fromage à l’alsacienne, les crumbles, les streusel et les gâteaux au chocolat à x mille étages… Mais ce genre de gourmandises, accompagnées d’un thé ou d’un chocolat viennois, dans mon esprit, c’est très hivernal… et l’hiver c’est pas très loin alors non, ce billet n'était pas juste là pour vous faire languir… Et puis sachez qu’à la carte, pour déjeuner, non pas en terrasse mais bien au chaud entre les murs rouges, vous trouverez aussi des galettes de pommes de terre, jambon fumé et munster blanc ou un gratin de knepfles au munster blanc et petits lardons : parfait pour cet hiver non ?
Salon de Thé "Grand'Rue"
80 Grand'Rue
67000 Strasbourg
Plats autour de 13 euros
Il y a aussi des salades et des tartes salées à la carte
La Cuiller à Pot
18 B, Rue Finkwiller
67000 Strasbourg
http://www.lacuillerapot.com
Entrée de 16 à 19€
Plats de 25 à 32€
Dessert 9-10€
Menu Déjeuner: Plat & Dessert: 18 €
Menu Entrée, Plat, Dessert: 38 €