Patoumiville – Une tentative de rich english cake
Il existe une ville où l’on peut subtilement commander un flan pâtissier par sms, où les filles qui ont le permis n’ont pas la même tête que celles qui ne l’ont pas, une ville où l’on se faufile de bon matin au marché pour que vous trouviez sur la table du petit-déjeuner des framboises, des myrtilles, du fromage blanc et du neufchatel, une ville où l’on peut déjeuner au milieu de l’après midi des gnocchis dans un charmant salon de thé dont le carrelage vous rappelle celui des piscines…
Il existe une ville où un (autre) salon de thé sert un rich english cake à tomber, une ville qui fourmille de jolies petites ruelles pavées, bordées de milles et une petites boutiques et d’autant de librairies, une ville où l’on croise le chemin de séduisantes guirlandes lumineuses, où un(e) inconnu(e) vous offre le moule Konstantin Slawinski que vous lorgnez depuis un bail…
Il existe une ville où le tartare de thon n’est pas émincé finement mais où l’on a de beaux gros morceaux de thon rouge dans son assiette (et c’est si bon !), où l’on parle de tout sans voir les heures défiler jusqu’à réaliser que l’heure de se coucher est dépassée depuis longtemps, une ville où l’on écrit des cartes postales à quelques amis en riant et où l’on ne peut pas résister à ce collier qui vous attire indubitablement dans la petite boutique de créateurs à l’étage d’un immeuble au si joli carrelage…
Cette ville n’est pas loin de la mer, cette mer qui manque cruellement ici… Une promenade au bord de la plage, une traversée en bateau, le vent dans les cheveux, des galettes à midi, le kouign amann juste après (bien sûr que c’est raisonnable – vous voudriez qu’on achète des kouign amann sans les avoir goûté au préalable ?). Le soleil de Bretagne est doux, il tord le cou à toutes les légendes urbaines circulant à son sujet…
Il existe un endroit dans cette ville où vous feuilletterez pour de vrai des livres dont vous avez déjà lu le plus grand bien, et si par hasard cette chic fille n’avait pas réussi à vous convaincre par les mots (ce qui est déjà rare), les si nombreuses pages que vous pouvez feuilleter là-bas achèveront de vous convaincre… Dans cet endroit, on apprend que la meilleure façon de réussir avec brio le flan pâtissier de Christophe Michalak est de le faire par-dessus la jambe en l’oubliant presque au four… A cette adresse (que l’on connaît par cœur pour y avoir déjà envoyé promener des cartes postales et autres missives voyageuses) on découvre la même théière acapulco que l’on a chez soi, on boit son thé au petit déjeuner dans les mêmes tasses mobile que l’on a chez soi avec des filles qui comprennent et partagent votre attirance pour la vaisselle vintage, qui partagent vos fous rires, qui sont tout aussi capables que vous de tomber en admiration devant un bol japonais (ou une boite à thé !) et avec qui on peut parler des recettes de Gracianne, de Camille sans son chat, des petites crèmes de Natalia, des habitant d’une certaine boite à sardines et de se demander si la femme mince de Grand Chef mange des kouign amann [inventaire non exhaustif, of course]… Alors on se demande pourquoi ces chics filles sont à Paris et à Rennes parce qu’on les aimerait bien à Strasbourg, juste à côté, pour pouvoir sonner à leurs portes avec une thermos de thé au yuzu, partager avec elles des spaghettis aux cœurs de bœuf, aller déjeuner avec elles des bento, toquer chez elles pour leur déposer une ou deux parts de cheesecake, aller au cinéma ensemble pour y voir chaque film que la gente masculine ne daignera pas venir voir avec nous pour cause d’acteur bien trop mignon à notre goût (ou au leur, tout est question de point de vue)…
Mais il faut monter en vitesse dans le train, la valise plein d’épices d’Olivier Roellinger, d’umeshu, de barres infernales, de fleur de sel dans un joli petit pot à sel en porcelaine vert eau, de caramel à tartiner… On est comme sur un nuage… De toute façon Patoumi ne nous en a pas laissé le choix : on reviendra, forcément, que ce soit pour les sandwiches de sa maman, pour aller manger au Fuji ou juste pour le plaisir…
La praluline voyage de Paris à Rennes
Le rich english cake du thé au fourneau
Le retour à Strasbourg ne se fit pas sans nostalgie, mais heureusement
le cake framboise – pavot de Madame Durand était là pour le petit
déjeuner du lendemain…
Merci Mingou, merci Patoumi!
De retour ici j’ai eu le loisir - comme il est délicieux de profiter de
la fin de l’été en savourant chacun des jours de vacances restants avant
la rentrée…- de rechercher un peu plus d’info sur ce mystérieux rich
english cake dégusté au thé au fourneau et il semblerait bien que
Mingou ait assez justement flairé la chose : rich english cake est une
appellation fantaisiste pour « Carrot Cake » (tout de suite ça vous
parle plus non ?). Du coup je me suis retournée vers une bible en ce
qui concerne le tea time anglais : Jane Pettigrew’s Tea Time où j’ai
fort logiquement trouvé ce que je cherchais sous l’appellation « Rich
Carrot Cake ». J’avoue, je n’ai suivi la recette que de loin en
fonction de mon envie du moment, ce qui a donné cette tentative de rich
english cake. Bon, ce n’était pas LE rich english cake (la texture était différente, plus moelleuse et la gâteau était plus clair), mais dans la
catégorie Carrot Cake il se défendait plutôt pas mal : moelleux,
parfumé et un glaçage parfait : figé mais fondant à la texture super
agréable pour le pâtissier : assez ferme pour tenir sur le gâteau mais
quand même un peu liquide pour couler délicatement le long des bords du
gâteau… Quoi de plus gourmand, de plus irrésistible ?
Cela dit si l’une des deux chics filles se sent d’humeur à copier un peu
plus fidèlement que moi le rich english cake du thé au fourneaux… ce
serait chouette ! =)
Rich English (Carrot) Cake
On notera quand même au passage qu’il ne faut avoir peur de rien pour
décider d’appeler un gâteau aux carottes « rich english cake », dans un
monde où il faut cuisiner sans beurre, sans sucre, sans mascarpone ni
cholestérol (mais ou par contre les carottes sont admises), c’est une
gageure de miser sur une telle appellation. Mais que voulez vous, il
reste des gourmands qui n’ont peur de rien.
Pour un petit moule Konstantin Slawinski :
2 œufs
80g de sucre blond
50g d’huile d’olive
80g de farine complète
1 cuillère à café de bicarbonate de soude
1 cuillère a café de cannelle
80g d’amandes en poudre
75g de noix de pécan grossièrement concassées
250g de carottes lavées, épluchées, râpées
80g de raisins blonds grossièrement mixés
75g de St Môret
175g de sucre glace
Un peu de vanille en poudre
Préchauffer le four à 180°C.
Fouetter les œufs et le sucre jusqu’à ce que le mélange blanchisse et
devienne un peu mousseux, ajouter petit à petit tout en continuant à
fouetter l’huile d’olive puis incorporer la farine, le bicarbonate de
soude, la cannelle, les amandes en poudre, les noix de pécan, les
carottes et les raisins. Bien mélanger.
Huiler le moule avec un filet d’huile d’olive, le remplir de la
préparation aux carottes, lisser la surface et enfourner pour 45
minutes (vérifier la cuisson du gâteau : la lame d’un couteau enfoncé
dans le gâteau doit en ressortir propre si le gâteau est cuit).
Sortir le gâteau du four et attendre un quart d’heure avant de le
démouler, laisser refroidir sur une grille. Pendant ce temps préparer
le glaçage en mélangeant vivement le St Môret pour l’assouplir puis en
lui ajoutant le sucre glace et un peu de vanille en poudre si l’on
veut, mélanger jusqu’à avoir une préparation homogène. Glacer le
gâteau, patienter sagement avant de déguster.