mardi 3 juin 2008
Gin Fizz en chaud froid
Soulagée, non, pas vraiment. J’ai toujours ce poids sur mes épaules. Un truc qui ne s’enlèvera pas tout seul. J’ai réalisé assez récemment que tout au long de ma scolarité, mon taux de confiance en moi a toujours été corrélé à ma réussite scolaire. Comme s’il n’y avait que ça qui importait. D’ailleurs, ces derniers mois, il n’y a bien que ça qui importe. Comme seul obstacle au bonheur.
On n’a que ça dans la tête. Ça et son unique neurone qui montre des signes de faiblesse… Et ça vous ronge. Parfois, souvent, on se dit qu’on aurait dû choisir d’autres études, souvent on ressent une forme de haine envers son absence d'intelligence, et parfois on déplace cette rancœur vers des visages de profs bien connus (allant jusqu’à vouloir imprimer leur photo pour la mettre sur le jeu de fléchettes qui traîne quelque part chez ses parents). On se retrouve à se coucher tard, très tard, pour être bien fatiguée et tomber illico dans les bras de Morphée, de toute façon si on se couche un peu plus tôt, on ne réussi pas à s’endormir tant son cerveau est englué par des pensées noires. Et puis voir les choses empirer ces derniers jours et être incapable de s’endormir seule, avoir besoin de l’odeur de son cou pour réussir à s’endormir un peu plus sereinement… Se retrouver face à son cerveau qui a atteint sa capacité limite d’intégration de nouvelles choses, incapable d’emmagasiner la moindre information nouvelle, se dire que l’on ne pourra plus rien y faire entrer et que l’on passera sa vie entière à être étudiante dans la même année universitaire sans jamais passer à l’année suivante…
L’année dernière j’avais été bien inspirée, à peu près à la même période, de fêter la fin des exams chez S. avec un brownie cheesecake et des tartes au fromage blanc… Une soirée alcoolisée au bord de la piscine pour la fin des exams, ne pas attendre les résultats pour fêter ce soulagement que l’année soit finie avait été une bonne idée puisque si j’avais attendu les résultats je n’aurai rien eu à fêter. Rien du tout. Et cette année je n’ai aucune envie de fêter cette fin d’examen qui ne me soulage pas du tout. J’ai peur; et pour oublier ça, en rentrant de la fac je me suis quand même arrêtée à l’épicerie du coin pour acheter une grosse poignée de citrons, je me suis dépêchée pour être rentrée à temps avant que l'orage n'éclate et j’ai ouvert le pensum qu’est « Comme un chef » (il faudra que je vous reparle de ce livre) et j’ai suivi à ma façon* la recette de Gin Fizz de Ferran Adrià qui avait déjà fait ces preuves il y a quelques mois pour étrenner mon siphon.
Ce cocktail est un délice… Une base de granité gin & citron (duo tout aussi gagnant que celui du schweppes et du gin ^^) et au dessus une écume chaude de ce même mélange gin & citron… Une alliance de températures, un contraste de textures… une écume toute douce, tiède et réconfortante et des cristaux plein de fraicheur…parfait !
Gin Fizz
Recette de Ferran Adrià
"Comme un chef" (Larousse)
Pour 4 verres de taille moyenne
(J’ai diminué les doses de moitié par rapport à la recette de base, vous pouvez sans problème les doubler si vous avez un siphon de 50cl)
Sirop :
75g de sucre
60mL d’eau
Ecume chaude :
2 blanc d’œufs (75g)
60mL de jus de citron
40mL de gin
Pour le granité :
125mL de jus de citron
75mL de gin
Et aussi :
1 siphon (résistant à la chaleur)
1 chinois
1 cartouche de gaz
Réaliser le sirop en mélangeant dans une casserole le sucre et l’eau, porter à ébullition et réserver au frigo.
Réaliser le granité en mélangeant le jus de citron, le gin, la moitié du sirop. Mettre au congélateur pour quelques heures. Les granités alcoolisés ne prennent jamais complètement en masse (l’alcool diminue le point de congélation) ce qui est bien pratique car on a pas besoin d’aller les gratouiller toute les heures. Par contre, ça prend plus de temps à prendre en masse.
Quand le granité est gelé, réaliser l’écume chaude en fouettant les blancs d’œufs (ne pas les monter en neige !), y ajouter le jus de citron, le gin et la moitié du sirop. Passer au chinois et transvaser dans le siphon. Fermer, charger en air, secouer et garder au chaud dans un bain marie à 65°C.
Servir le granité dans des verres remplis à mi hauteur et coiffer de l'écume chaude.
* en fait, j’ai suivi la recette quasi à la lettre (car contrairement à certains, je suis tout à fait capable de suivre une recette au mot près), mais Ferran Adrià conseille de passer le granité au mixeur une fois qu’il a pris en masse afin d’obtenir une émulsion ; et de conserver cette émulsion ensuite au congélateur. J’ai volontairement zappé l’étape du mixeur car je trouvais mon granité pas extrêmement gelé/pris en masse et j’ai jugé que mixer tout ça ne ferait que liquéfier un peu plus la chose. Ensuite, c’est à vous de voir.
C'est aussi un cocktail pour Lolotte
Et si vous voulez d'autres boissons alcoolisées, je vous propose:
Abricot au sirop acidulé, éclats de pistaches caramélisées et granité alcoolisé
Granité vodka-orange sanguine
Granité de gin citronné
Le danger public - Un cocktail à se pâmer (Bailey's - Amaretto)
Copyright © 2006-2013 Loukoum°°° - Beau à la louche | Tous droits réservés
Commentaires
C'est en lisant ton texte que je me dis que la fac ne me manque absolument pas. Je connais tres bien ce sentiment de peur, vertige, boule au ventre et etre incapable d'arreter son cerveau de cavaler dans tous les sens. J'ai le vertige rien qu'en tapant ce commentaire. Je vais aller prendre l'air un peu.
Bon courage, Pauline!Allez...
Que dire après un tel message? Et pourtant j'ai bien envie de te dire quelque chose! J'ai pensé à Alberto Giacometti puis non. J'ai pensé te conseiller une réorientation quoi qu'il arrive mais d'autres le feront! Alors bon, finalement, je me dis que le gin fizz sera bien plus convaincant que moi!
Cela dit, si tu réussis, j'exige avoir les recettes d'une vraie méga fête!)
Allez, hauts les coeurs!
L.On connait la chanson
courage, après 7 ans d'études il me tardait aussi que tout ca soit fini...sauf qu'un peu comme pour un accouchement, quand on voit son bébé et qu'on oublie la douleur, quand on "fini" ses études on oublie les nuits blanches et le stress et ne pense qu'à continuer d'apprendre et d'être curieux ! C'est comme ca qu'on se trouve à signer pour 3 ans de thèses
et t'inquiètes, moi aussi j'ai toujours été tres moyenne et completement dépourvue de confiance en moi.
Et puis bon, le système francais est dur, et est tres fort pour nous demotiver. La vie est longue, t'as tout le temps pour apprendre et explorer, ne te laisses pas dévorer par les monstres administratifs ! Reprends-en une gorgéeLe pseudo soulagement qu'est la fin des exams/année je connais bien. C'est un sentiment étrange partagé entre répit, peur, solitude..
Moi cela fait 4 ans que je n'ai plus d'exams et cela me manque...(mais c'est trop tôt pour toi)
J'espère que cette année tu auras beaucoup de choses à fêter!!! Est ce ta dernière année?
courage, profites pour dormir lol!!c'est la saison
de cegenre de déprime... je me reconnais bien là, à vrai dire à la maison on est un couple d'étudiants dans ce cas là! moi j'attends les résultats en angoissant.....mon homme aussi, voire tous nos amis, plus ou moins,j'admire ceux qui sont sûrs d'eux!
en tout cas détends, toi,
et merci pour ton blog, c'est un vrai bonheur, je vais faire un brownie cheesecake vendredi et je tenterai bien ton petit coktail!Warda: tout simplement, merci!
Laure: tu as bien raison, il n'y a pas grand chose à dire, tout du moins, je n'attend pas de paroles spéciales, j'ai même failli fermer les commentaires pour ce billet(et puis la réorientation n'est pas franchement possible quand tu es plus qu'engagée dans tes études et que tu as grosso modo aucune équivalence)
livordk: les études longues c'est pas ca qui me dérange, c'est mon incompétence. Et puis t'inquiète, j'en ai repris un verre
Stef: non, apriori, c'est pas près d'être finiCertaines personnes ont toujours l'impression d'être des imposteurs, d'être à leur place par erreur, par méprise. L'impression qu'un jour on les démasquera et que le monde entier saura que cette prétendue intelligence, elle n'existe pas.
C'est signe de manque de confiance, et c'est très bien, même si c'est dur.
bisesCertaines personnes ont toujours l'impression d'être des imposteurs, d'être à leur place par erreur, par méprise. L'impression qu'un jour on les démasquera et que le monde entier saura que cette prétendue intelligence, elle n'existe pas.
C'est signe de manque de confiance, et c'est très bien, même si c'est dur.
bisesEt bien, il te fallait bien ca!
Comme je ressens tes mots resonner en moi! Mais sans vouloir etre alarmiste, apres, c'est pireDu moins pour moi. Mais je pensais comme toi, tout au long de mes etudes et toujours maintenant, en relativisant un peu plus (sauf quand le fait d'avoir du travail est primordial alors que tu n'en trouves pas), parce que le milieu dans lequel j'evolue est tres competitif...
Sur le moment, il faut se dire que ce n'est qu'un mauvais moment a passer...avant un autre!
Bon courage en tous cas! Et merci beaucoup pour ce cocktail tres tres interessant!allez, tchin tchin, et je suis prete à parier que cette année tu auras quelque chose à fêter apres les résultats ! si si, c'est sur : tu es dans un cercle vertueux j'le sents d'ici...
et pour ton gin aaaahhhh j'ai mis mon syphon dans le carton "à dégager", tu me donne bien envie de l'en ressortir...rhaaaa que faire que faire ?!!
(***bon courage*** pour le reste ! et c'est tres bien, d'avoir besoin de SON cou pour t'endormir non ?!)Lolotte: je sais que je ne ferais pas de thèse... mais par contre j'aurai en boulot en sortant ça s'est sure... donc, j'ai conscience que je ne suis pas si mal lottie
Stef: je sais bien, c'était un peu ironique
Marie: surtout, ne dégage pas le siphon!!
Sha: toujours avoir du gin chez soi
Barbinou: tu m'as mal comprise, je ne dédaigne pas du tout ton choix, je le respecte totalement... non seulement c'est pas le pire truc mais c'est un boulot 24h/24C'est juste pas pour moi, et encore moins tout de suite là (chuis quand même jeune hein...^^)
Chantal: entre gin tonic addict on se comprendon passe tous par ces moments-là, je termine ma cinquième année de fac (plus qu'une!) et c'est souvent des périodes de découragements, mais je pense que tu n'es pas arrivée jusque là par hasard, mais grâce à toi, fais toi confiance et puis de toute façon il est fini le temps où un diplome conditionnait la réussite professionnelle, c'est souvent ce que tu as fait en parallèle des études (investissement dans l'associatif, blog...) qui fait la différence.
Bon courage
mathLa manque de confiance en soi c'est plutôt récurent chez les filles, on passe presque toutes par là, d'ailleurs indispensable car c'est souvent ce qui nous fait avancer. L'important c'est d'avoir quelqu'un à ses côtés pour nous aider à décompresser quand on se prend trop la tête et nous encourager à faire des trucs même quand on se dit "Chui trop nûlle pour ça!". Et après 4 ans d'expérience professionnelle, c'est toujours valable...
Heureusement qu'on s'accorde des bons p'tits cocktails de temps en temps pour se remonter le moralDommage que je n'ai pas tout le matos pour réaliser l'écume. Par contre le granité gin-citron, je m'en souviendrai!
je suis touchée par ce moment d'angoisse qui traîne, qui dure, disparait momentanément dans le quotidien pour réaparaître, se glisser dans notre lit et nous faire ruminer... cette peur me parle aussi... celle de ne pas réussir, de se sentir incapable, pas assez douée, intelligente... courage...
accompagné d'une (grosse) pointe d'admiration sur ce que je vois ici... alors le reste, mystérieux, je l'imagine au moins aussi talentueux...Coucou!
J'avais trop hâte de te relire pour attendre de n'être plus épuisée et tu sais comme ce que tu dis me touche.
L'issue de ces deux derniers jours me paraît très incertaine, mais je ne peux plus rien y faire!
Toi, t'as trop de talent pour ne pas faire quelque chose de chouette. Ces études sont cruelles pour les gens qui doutent, ils ne faut pas les laisser nous pourrir la vie!
Et sache que les biscuits ont été un excellent soutien psychologique!
Bon, alors on ira boire un verre ensemble (ça va, tu n'es pas une adepte de la bière visiblement)
Merci à toutes pour vos messages
Ganesha: oui, on peut faire un échange
Les chéchés: merci pour ton si joli et doux message
Patoumi: ce que tu avais écris toi aussi à ce sujet m'avait touché en plein coeur donc j'imagine sans mal que tu te retrouves aussi dans mes mots. Je suis contente que les biscuits ait été là dans les moments pas très droles... toi aussi tu es trop douée pour rater, j'en suis sure et puis non, je ne suis pas du tout une buveuse de bièreBisous!
L'imposture, ça me connaît (je ne vais pas faire mon couplet sur ma condition de thésarde...). Toi, je suis sûre que tu es à ta place dans ce que tu fais. Ces études, tu ne les as pas choisies par hasard, mais même pour ceux qui ont une vocation, le parcours peut être semé d'embûches...
Le doute, c'est bien, mais à petites doses...
je me connait dans chaque mot de ton billet, un peu comme toi je viens de déposer ce jour meme mon mémoire oufff, je feterais surement ca (encore une fois omme toi un peu enretard) avec un brownies cheesecake!!