Restaurants strasbourgeois, du bon comme du moins bon...
Mille et une pâtes dans votre assiette.
Préambule : je ne suis pas très douée pour raconter les expériences qui m’ont plues. Je trouve que se perdre dans les superlatifs est vite ridicule et mon champ lexical de la réussite est minime. Par contre quand il s’agit de mauvaises expériences, de ratés, de déceptions, d’un seul coup les mots coulent sous mes doigts. Certains diront que je suis donc plus facilement méchante que gentille… ^^ Je sais de mon côté que j’ai la critique sans doute un peu trop facile ; vous êtes prévenus…
Le mille pâtes est presque une madeleine de Proust pour moi. J’ai beaucoup d’images de repas dans ce restaurant pendant mon enfance. J’ai le souvenir qu’on y allait souvent et que j’aimais beaucoup y aller. Ce n’est pas un restaurant italien pur et dure puisqu’il est tenu par un Alsacien, fan de théâtre et acteur lui même, ce qui explique le décor de la salle.
J’ai réalisé récemment que ça faisait étrangement longtemps que je n’y étais plus allée.
Parfois on change ses habitudes sans trop savoir pourquoi. Ou par intuition.
J’ai donc voulu y retourner.
Ce midi-là j’arrive en retard et de mauvais poil après m’être énervé à tourner en rond dans cette ville afin de trouver une maudite place de parking. En plus je suis mi-malade mi-dans-les-choux. J’avoue que je n’étais pas dans des conditions optimales, mais j'étais la seule éclopée, autour de la table, les autres étaient vaillants.
À peine je suis installée, la serveuse vient s’enquérir de savoir si nous avons fait notre choix.
« Nous oui, mais elle vient juste d’arriver, elle n’a pas encore regardé la carte »
« C’est pas grave, je vais déjà prendre vos commandes à vous »
Donc pendant que je découvre la carte, elle note les choix des autres, ce qui est relativement rapide puisque l’on n’était pas douze à table mais quatre. Elle attend que je lui donne ma commande, sauf que je n’ai pas fini de découvrir la carte, que je suis de mauvais poil et qu’elle m’exaspère déjà alors je prend un malin plaisir à lire tout la carte dans les moindres détails, à hésiter en ce qui concerne mon choix, à la voir toujours à coté de moi à attendre, avant de lui dire que je prendrais en entrée les quenelles de foie gras mi-cuit fait maison avec la compotée d’oignons aux figues et en plat les raviolis de crabe (intitulé exacte : « Gros raviolis farcis de mousseline de poisson et de chair de crabe, dressés sur un lit d’épinard et nappés de coulis de langoustines »).
Je trouve cette attitude nulle. D’abord elle aurait dû d’elle-même attendre que je lise la carte avant de venir prendre la commande, mais si j’accepte qu’elle n’ait pas trop suivi ces détails, quand elle vient et qu’on lui dit que je n’ai pas fini de lire la carte, elle devrait repartir pour revenir plus tard au lieu de se retrouver planter à côté de moi à attendre que je lise la carte. Comme je suis sadique, j’ai pris un malin plaisir à la voir attendre mais tout le monde n’apprécie pas d’avoir un serveur à ses côté quand il découvre la carte non ? Ou c’est moi qui ai un problème ?
En plus cette demoiselle n’était pas franchement habillée dans une tenue adaptée à un restaurant qui prétend à un statut différent de celui d’un kebab. Si je ne suis pas une inconditionnelle de l’immuable jupette noir & tablier à dentelle blanche, mais je pense qu’un minimum de classe ne serait pas mal vue dans un tel restaurant. Je ne vais pas vous décrire la tenue de la demoiselle, ce serait mesquin et en plus l’essentiel au restaurant c’est quand même ce qu’il y a dans votre assiette non ?
Et bien vous n’allez pas être déçus.
Je commence donc par des quenelles de foie gras. Le foie gras était très bon et la compoté allait aussi. Bizarrement en lisant quenelle, je m’attendais à autre chose. Sans doute à cause d’Ester ;). Là j’avais du simple (mais bon) foie gras en forme de quenelle.
J’ai goûté au tartare de thon rouge au jus de citron et à l’huile d’olive. Et je ne l’ai pas trouvé transcendent du tout . Loin de là. À mon avis et sans prétention, je fais mieux et vous aussi.
La suite avec les plats. Je vais commencer avec ceux que j’ai goûtés à ma droite et à ma gauche. À ma droite, les saltinbocca à la romaine. Aïe. Pas exceptionnels du tout, les miens sont sans doute meilleurs, sans parler de ceux de mes deux Italiens strasbourgeois fétiches. On zappe donc et goûte un peu de l’assiette à ma gauche : ravioles de foie gras de canard, sauce aux deux raisins et aux câpres. Mmhhh. C’est superbe, fin, délicat, parfumé. On retient, c’est très bon.
Passons à l’assiette qui est face à moi. Déjà quand je l’ai vu arriver je n’ai pas esquissé de grand sourire. La sauce en question était bien épaisse et bien orange, d'une couleur aussi artificielle que de-la-sauce-cocktail-à-crevettes… et avait un goût relativement écoeurant. Joie. Car elle noyait tous les raviolis présents dans l’assiette. Dommage, dans l’intitulé, coulis de langoustine, ça avait l’air sympa. Je me suis retrouvée à piquer un raviolis, le gratter avec le couteau pour le débarrasser d’un maximum de sauce. Et malgré cette opération s’apparentant à un démazoutage sur une plage bretonne, je n’ai pas aimé ce coulis de langoustine aux raviolis et je n’ai pas fini mon assiette. Faut pas abuser. Dire que j’avais hésité entre les ravioles de fois gras et ces raviolis de crabe…
Ensuite certains ont pris des desserts… Notamment une bête salade de fruits où j’étais un peu beaucoup étonnée de trouver des fraises (oui, j'ai beau avoir la critique facile, j'ai hésité avant de publier ça et, en fait, ce repas mémorable date de la mi mars, période ou les fraises… ) alors je pique une fraise, pour voir et naturellement elle n’était pas bonne. Que les ménagères achètent des fraises au prix de la truffe avant la saison et se retrouvent avec un truc qui ne se contente pas de ne pas avoir de goût mais qui n’est pas bon, c’est leur problème. Par contre un restaurateur qui fait ce genre de connerie ça me rend folle.
Voilà.
Je crois que je n’ai pas besoin de vous dire que je ne suis pas prête de retourner manger au mille pâtes et que je ne vous le conseil pas franchement. Et nous étions tous de même avis, pas uniquement moi qui étais particulièrement énervée en arrivant.
En fait si, si vous voulez manger de délicieuses ravioles au foie gras c’est l’endroit sans doute idéal. Mais pour le reste… je ne sais pas, je sais bien que je n’ai pas goûté à toute la carte mais je reste quand même sidérée. Ce restaurant n’est plus du tout ce qu’il était dans mes souvenirs, il y a quelques années. D’ailleurs à l’époque, c’était souvent complet, là il y avait plus de tables vide qu’occupées… ça veut bien dire quelque chose…
A noter (quand même) sur la carte, au milieu des classiques des restaurants italiens :
- Cannellonis de saumon & poireau au miel et au pastis
- Le gratin de queues de gambas aux petits légumes de Nice
- Les lasagnes du pêcheur (filet de sole, moule set crevettes)
- Spaghetti aux petits légumes taillés et aux herbettes
- Tatin de légumes confits et tartare de chèvre frais, coulis de tomates séchées
- Salade croquante de pousse de soja aux sot-l’y-laisse légèrement caramélisés
Au Mille Pâtes
8, Place Saint-Etienne
67000 Strasbourg
Tel : 03 88 35 55 23
Entrée de 5 à 16€
Viandes autour de 15€
Poisson de 12 à 22€
Pâtes de 8 à 12€
Du mardi au samedi, midi et soir
Terrasse en été
Mise à jour : ce restaurant a fermé
Une terrasse au milieu d’un parc
Au début de l’année, Antoine Westermann, le chef du Buerehiesel (LE restaurant trois macarons strasbourgeois) a renoncé à ses trois étoiles, peu avant la parution de la nouvelle édition du guide rouge. La cause : il passait officiellement la main à son fils Eric qui officiait déjà en cuisine avec lui depuis quelques années. Le résultat : c’est très bon, sans doute peu différent de l’époque étoilée… mais nettement moins cher, plus accessible et avec moins de chichi et de salamalecs. On échappe à la collection de couteaux et fourchettes autour des assiettes. Ce qu’il y a dans l’assiette vaut mieux que ce qu’il y a autour. Décoration sobre et jolie de la table.
Le cadre n’est pas courant : une vieille ferme alsacienne, démontée et reconstituée au coeur du parc de l’orangerie en 1895. Le restaurant trône au milieu des arbres, des fleurs, des cigognes et en bordure du plan d’eau… et pourtant il est à deux pas du quartier des institution européennes. Les parlementaires n’ont que quelques pas à faire pour venir manger à midi un menu à 35€.
La révolution est loin d’être totale, on retrouve les classiques de son papa : les célébrissimes Schniederspaetle (ravioles à la purée/confiture d'oignon) et cuisses de grenouilles poêlées au cerfeuil, Poulette pattes noires cuite entière comme un baeckeoffe, aux pommes de terre, artichauts, citron confit et au romarin ou la Brioche à la bière, caramélisée à la bière, glace à la bière et poire rôtie.
Schniederspaetle et cuisses de grenouilles poêlées au cerfeuil
Une merveille... les raviolis comme les cuisses de grenouille...
Boudin noir au piment d'Espelette, purée de pomme de terre et pommes poêlées
Peut être un peu sec...
Langoustines de la baie de Quiberon grillées dans leur carapace,
les pinces en rissoles et tartare de légumes croquants
Les raviolis frits à la chair de langoustine servies avec les petits légumes était une jolie surprise
Saint Pierre (? je ne suis plus sûre ?) rôtie sur arêtes, asperges vertes du Midi
Macaron passion et fruits exotiques, ananas Victoria
Contrairement à ce que certains peuvent croire,
ce n'était pas mon dessert, mais je n'ai pas résisté à y goûter! ^^
Et c'était plutôt bon naturellement!
Soufflé et sorbet au pamplemousse, granité au Campari
Ça c’était mon dessert… j’ai souvent envie de pamplemousse au lendemain de soirées difficiles…
C’était copieux mais très bon.
Un parfum très léger de pamplemousse dans le soufflé, un délicieux sorbet…
un dessert chaud froid très réussi.
Pain de Gênes, fraises et rhubarbe au jus, sorbet rhubarbe
Restaurant Buerehiesel
4, parc de l’Orangerie
67000 STRASBOURG
tél : 03 88 45 56 65
http://www.restaurantburestubel.fr
Ouvert midi et soir du mardi au samedi.
Entrées de 17 à 28€
Poissons de 20 à 31€
Viandes de 20 à 29€
Dessert de 10 à 14€
Menu à 35 € les midi du mardi au vendredi
Manger sur la terrasse pendant que les cigognes volent au dessus de vos têtes...
Un peu d’Alsace quand même…
Je ne suis pas à même de m’auto-juger, mais au vue des plats présentés ici, je ne suis pas sûre que vous devineriez que j’habite au coeur de l’Alsace. Je ne suis pas une fanatique de la traditionnelle cuisine alsacienne. Si j’aime la choucroute de ma mère, si j’affection le Bibelskäs* en été, que petite je ne cessais de réclamer à ma mère du jambon en croûte, si j’aime la salade de gruyère… et bien en contrepartie je n’aime pas le baeckeoffe, je ne suis pas fan de tartes flambées et le munster c’est pas trop mon truc… Mais surtout, moi, je n’ai pas le réflexe de cuisiner alsacien. Et même si cette cuisine colle à tout sauf à la mode actuelle de minimalisme, de light, de fusion et j'en passe; ce n'est pas une raison pour la zapper totalement.
La tarte flambée de la Burestubel est d'après certain un des deux meilleures d'alsace...
Je parlerai de l'autre à l'occasion.
Moi n'étant pas adepte de tartes flambées, je ne me prononce pas trop.
Donc, une fois n’est pas coutume, une adresse où manger alsacien, avec une carte remplie de nom bizarres qui ne vous parleront pas forcément au premier coup… Grumbeerekiechle*, Lawerknepfle*, Schieffele met grumbeeresalad*, Wädele*, Ripple*… et d’autres plats aux noms plus compréhensibles comme les pied de porc pané, la tête de veau sauce gribiche, le boudin, la salade tiède de choucroute aux foies de volaille et échalotes confites, la salade de cervelas…
A un quart d’heure de Strasbourg, dans un petit village, ce restaurant trône dans une ancienne ferme. Les salles sont boisées, le décor est typique et en été la cour de la ferme fait office de parfaite terrasse.
Le cadre comme la vaiselle sont typiquement alsaciens, pas de doute là dessus
Généralement à notre table les tartes flambées se succèdent et sont partagées avant que chacun ne choisissent son plat ou décide de se contenter de tartes flambées. On choisi toujours la tarte flambée traditionnelle mais vous pouvez opter sans problème pour celles gratinée à l’emmenthal ou au munster & cumin… Moi je ne suis pas une fan de tartes flambées et depuis que je suis gamine, je prends quasi exclusivement la même chose à chaque (nombreuses) fois que je met les pieds ici. Un truc que je m’étonne moi-même, non seulement de choisir mais en plus d’aimer : Bouillon de bœuf aux quenelles de moelle. Et je ne m’en lasse pas c’est trop bon !
Petite c’est là que j’ai découvert la Linzer Torte que maintenant j’affectionne moins car je la trouve trop sucrée. Petite je mangeais encore moins de tarte flambée que maintenant. Je mangeais donc mon bouillon, ma mère rallait car « on n’a pas mangé avec un bouillon » mais moi je savais qu’en sortant je n’aurai plus faim, puisque la Linzer Torte m’attendait. Sur une petite table dans la première salle trônait (et trône toujours) le choix des tartes du jour. Et il y a toujours une linzer.
La table avec ses tartes
Et encore quelques déco de pâques...
Restaurant Burestubel
8, rue de Lampertheim
67370 Pfulgriesheim
Tel. : 03 88 20 01 92
http://www.burestubel.com
Tarte flammée au feu de bois 6,50
Entrées froides de 9 à 10€
Salades de 5 à 11€
Entrées chaudes de 5 à 15€
Spécialités alsaciennes de 10 à 15€
*Petit lexique :
Bibelskäs, fromage blanc assaisonné (sel, poivre, ail ciboulette, ce que vous voulez...), servi généralement avec des pommes de terres (en robe des champs ou roties) et de la salade verte
Grumbeerekiechle, galettes de pommes de terre
Lawerknepfle, quenelles de foies
Schieffele met grumbeeresalad, palette fumée et salade de pomme de terre
Wädele, jambonneau
Ripple, plates côtes